Le Tehuantepec Interoceanic Corridor relie Salina Cruz dans l’Etat d’Oaxaca et Coatzacoalcos dans l’Etat de Veracruz, des ports maritimes tous deux récemment rénovés dans le cadre du même programme.
Datant du début du XXème siècle, le chemin de fer de l’isthme de Tehuantepec, s’est dégradé au fil des décennies. Sa rénovation constitue la pierre angulaire d’un projet qui vise à offrir, à terme, aux opérateurs logistiques et aux chargeurs une alternative au passage par le Canal de Panama, fréquemment saturé, notamment en ce moment pour cause du faible niveau des lacs intermédiaires.
Il s’agit également, selon le plan gouvernemental établi en août 2020 sur quatre ans, de doper l’activité économique de cette région comptant parmi les moins favorisées du pays. Dans ce cadre, le long du corridor, l’Etat fédéral a décidé la création d’un réseau de parcs industriels. Dans une première étape, dix parcs totalisant 3 000 hectares de foncier sont actuellement en phase d’appel d’offres. Les investisseurs candidats sont appelés à aménager et exploiter ces emprises. A ce jour, selon la presse, une soixantaine de candidats, pour la plupart des entreprises mexicaines, se sont déclarés, les résultats devant être révélés sous peu. Les conditions de l’offre comprennent, hormis la construction, une concession « test » de deux ans, extensible pour cinq ans de plus.
Ces parcs industriels ciblent diverses activités, dont l’électronique, l’agroalimentaire, la chimie fine et la pharmacie, les véhicules électriques, les énergies renouvelables et bien sûr, la logistique. A ce titre, le géant Amazon discuterait d’une implantation selon une récente déclaration de la secrétaire aux Affaires étrangères du Mexique.
Sans être véritablement des zones franches, ces parcs offrent aux entreprises désireuses de s’y installer des exonérations de TVA pour les transactions au sein des pôles et un taux d’IS de zéro pendant trois ans extensible. A noter que la mise en place de ces parcs s’accompagne d’investissements le long du corridor dans un gazoduc ou encore un réseau de fibre optique.
En termes d’infrastructure transocéanique, le Ferrocarril del Istmo de Tehuantepec qui pourrait être doublé à terme comporte actuellement une voie simple, empruntée par les trains de fret et de passagers, avec un meilleur temps de transit de 6h22. Il devrait être relié au futur train Maya, un mégaprojet du président « AMLO » consistant en une nouvelle boucle ferroviaire de 1554 km jusqu’à la frontière avec le Guatemala à visée essentiellement touristique.
Concernant le seul trafic de conteneurs du chemin de fer, la capacité de transit devrait atteindre 304 688 TEU en 2028 puis 1,3 million en 2036, selon les pouvoirs publics. Mais pour cela, le projet doit encore être complété, notamment par un terminal à conteneur à Coatzacoalcos. Ce port à forte dominante vrac (pétrole et pétrochimie notamment), longtemps géré par Pemex, affiche actuellement une faible capacité en matière de conteneurs, à savoir quelques dizaines de milliers d’unités seulement (19 416 effectivement manutentionnés en 2022) à comparer aux 10 millions de « boîtes » qui transitent chaque année par Panama. Ce terminal à conteneurs de Coatzacoalcos, tout comme un projet similaire à Salina Cruz, fait lui aussi l’objet d’appels d’offres actuellement en cours.