Le Metaverse (contraction des mots « Meta » et « Universe » ou méta univers en français) est un réseau d’environnements virtuels dans lequel des personnes peuvent interagir entre elles et/ou avec des objets numériques tout en exploitant des représentations virtuelles (avatars) d’elles-mêmes. C’est un espace virtuel dans lequel les utilisateurs, les entreprises et les plateformes numériques peuvent exister et interagir, qui s’appuie sur deux technologies en plein essor : la réalité augmentée (AR) et la réalité virtuelle (VR).
Cela fait 30 ans que le terme Metaverse existe mais c’est le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a relancé le concept en octobre 2021 en renommant Facebook « Meta » et en indiquant avoir décidé d’investir massivement dans le “métaverse” pour rassembler un milliard de personne d’ici 2030.
Dernièrement il également a annoncé sur Facebook le déploiement d’Horizon Worlds (le métavers de Facebook) en France et en Espagne. Le rendu graphique (cf photo) étant totalement « inattendu », bien trop simpliste et digne d’une mauvaise production de jeu vidéo du milieu des années 2000, il est ainsi, une nouvelle fois à cette occasion, devenu la risée du web.
On comprend très vite l’intérêt de Facebook à lancer son metaverse (NDE: le Metaverse est unique et rassemble les metaverses existants dont celui de Facebook) comme le futur “Graal” : Cela permet d’une part de détourner l’attention des crises que traverse l’entreprise (mesures antitrust aux Etats-Unis, témoignages d’anciens employés dénonçant des abus, problèmes avec les impôts en Europe, réputation au plus bas depuis la diffusion des Facebook Files, etc…) mais le metaverse est surtout un moyen pour Facebook de séduire un autre public — celui des young adults — à l’heure où le réseaux social enregistre une audience vieillissante et peine à monétiser son contenu. L’entreprise est en effet à la recherche d’une nouvelle histoire de croissance car son activité principale entre dans un niveau de maturité (l’acquisition d’utilisateurs et l’utilisation du réseau social s’aplatissent). Enfin, deux autres avantages non négligeables pour la firme américaine : le metaverse pourrait permettre de livrer à Facebook (régulièrement pointée du doigt pour sa gestion douteuse des données personnelles) quantité de données biométriques sensibles, mais permettra également de vendre du matériel. Il faut bien être réaliste : Mark Zuckerberg a beau marteler que son monde virtuel sera accessible depuis n’importe quel ordinateur, tout l’intérêt du metaverse prendra sens une fois l’internaute équipé de son casque VR. Rappelons que les utilisateurs doivent aujourd’hui impérativement utiliser un casque Oculus Quest 2 pour accéder au metaverse « Horizon Worlds » de Facebook. L’appareil est commercialisé au prix modique de 450 euros ! Pas de petit business..
Mark Zuckerberg parie que le métavers est le futur des interactions sociales en ligne et qu’il assurera les revenus du groupe ces dix prochaines années.
Pour financer cette « bouée de sauvetage », Meta va émettre des obligations. Les sommes reçues aideront la firme américaine à développer son projet. «Développer un métavers c‘est une entreprise qui est très coûteuse pendant plusieurs années», reconnaissait Mark Zuckerberg lors des derniers résultats financiers. Au premier trimestre 2022, le groupe a en effet perdu 3 milliards de dollars à cause du développement de son métavers. Depuis son changement de marque de Facebook en Meta, le groupe a investi plus de 13 milliards de dollars pour réussir son pari et l’entreprise a ainsi connu sa toute première baisse de revenus de son histoire au dernier trimestre.
Qu’en est il pour les autres sociétés ?
Alors que les plateformes “historiques” comme Facebook, Twitter et même Instagram enregistrent elles aussi un public vieillissant et un taux d’engagement en chute libre, le metaverse pourrait permettre aux GAFAM de renouveler leur offre, et de s’opposer frontalement au concurrent chinois TikTok. Il pourrait aussi leur permettre de vendre un peu de matériel (Google travaille sur une version mise à jour Metavers de ses lunettes interactives) donc avantages équivalents !
A l’heure actuelle, ce sont bien eux qui investissent le plus massivement dans ce Web3 fantasmé. Pour les autres sociétés, afin de comprendre les nouveaux enjeux et les mécaniques qui se mettent en place, il faut d’abord décrypter ce nouveau concept.
L’idée de Meta est de créer des interactions entre les utilisateurs et qu’ils se retrouvent dans des salons virtuels ou des espaces de jeux pour y faire des activités ou échanger entre eux… surfer sur le web, assister à des évènements virtuels, communiquer, jouer aux jeux vidéo, visiter l’appartement de leurs rêves, flâner dans une salle d’exposition virtuelle (où les œuvres vendues seront des NFT), faire un voyage en ligne, essayer ou acheter des vêtements numériques, assister à des séances de cinéma avec leurs amis depuis l’autre bout du monde, et même télétravailler… un peu comme dans le jeu Second Life dans les années 2000…
- Créer un business – Faire du commerce – monter une boutique – L’e-commerce est sans aucun doute l’une des utilisations les plus prometteuses du metaverse pour ceux qui souhaitent y vendre des objets. Et les grandes entreprises s’y mettent déjà !
Actuellement, en dehors des sociétés de jeux vidéo qui jouent un rôle de premier plan (Epic Games, la société à l’origine du célèbre jeu vidéo Fortnite, a levé plusieurs milliards de dollars auprès d’investisseurs, Epic Games a levé 1 milliard de dollars, pour soutenir leur développement interne d’un métavers), les grandes marques commencent à s’aventurer dans le metaverse en proposant par exemple aux utilisateurs d’acheter des « wearables » de leur marque. Gucci a notamment permis à des utilisateurs d’acheter des articles exclusifs. Plusieurs ont aussi investi des sommes plus importantes pour acheter les sacs à main virtuels plus chers encore que ne coûtent les originaux de la maison italienne. Adidas Originals a déjà vendu des NFT en décembre 2021 qui devaient ensuite permettre d’avoir accès à des collections de vêtements « physiques ». Nike propose ses produits mais aussi de jouer à un match de basket contre d’autres vrais joueurs.
Toutes ces expériences font du metaverse un gigantesque centre commercial favorisant une meilleure expérience client. Les créateurs de contenus peuvent aussi monétiser leur activité, à condition de s’acquitter d’une commission avoisinant les 50% sur chaque transaction d’objets virtuels pour Facebook. Pas de petit business..
- Proposer des services
La ville de Séoul veut par exemple devenir la première institution publique au monde à entrer dans le metaverse. Les habitants de la capitale pourront obtenir des rendez-vous virtuels avec le personnel de la mairie sans avoir à se déplacer. Par ailleurs, les endroits touristiques emblématiques de la ville pourront être visités de manière virtuelle, tandis que les sites historiques détruits seront reproduits dans le metaverse. Des grands événements seront également organisés.
- Faire de la publicité
Pour beaucoup, le metaverse peut inventer le marketing du futur avec de nouvelles publicités et stratégies pour promouvoir les marques. Ce nouvel univers virtuel et connecté semble rassembler une nouvelle communauté plus soudée qui pourrait être encore plus fidèle que dans le monde physique. De la même manière qu’il est aujourd’hui possible d’acheter ou de louer des espaces publicitaires sur Internet, il serait également envisageable d’en louer ou d’en acheter dans le Métavers. Dès lors, les possibilités de toucher de nouvelles cibles sont immenses. De plus, les données pouvant être récoltées dans un monde virtuel sont une véritable mine d’or pour les acteurs de la publicité ciblée. En effet, quand un utilisateur s’immerge dans un monde virtuel au moyen d’un casque qui dispose de capteurs biométriques, il transmet un grand nombre de données sur son comportement, bien plus qu’en étant traqué sur Internet à l’aide de cookies. 26 % des marques déjà présentes s’attendent à faire un retour sur investissement dans le métaverse, tandis que 17 % espèrent recueillir des données. (Source: Étude Métaverse 2022- https://www.sortlist.fr/blog/etude-metaverse/)
- Investir dans l’immobilier
L’immobilier virtuel dans le metaverse est en plein essor et les terrains numériques ont le vent en poupe, notamment pour créer des espaces de commerce en ligne ou organiser des événements ou des soirées. Sur Decentraland, The Sandbox, ou d’autres metaverses populaires, les parcelles de terrain les mieux placées peuvent valoir plusieurs millions de dollars ! D’après le rapport sur l’immobilier du Metaverse de 2021 de RepublicRealm, le prix moyen d’une parcelle aurait été multiplié par 10 depuis janvier 2021 passant de 1 265 dollars à 12 684 dollars. La liste des sociétés présentes sur le metaverse s’allonge de semaine en semaine, au fur et à mesure qu’elles achètent des LAND à des prix d’or. Carrefour avait payé 300 000€ en février 2022 pour acquérir un terrain virtuel, une démarche qui avait été assez critiquée sur les réseaux sociaux, car elle ne répondait à aucun des besoins des clients. Il s’agissait pour l’entreprise de montrer qu’elle restait dans l’air de son temps, et se positionner en avance sur un potentiel marché futur avant les autres. Cette dernière expérience témoigne bien de l’esprit des entreprises qui investissent actuellement … selon une étude Sortlist Team publiée au premier trimestre 2022 (Source: https://www.sortlist.fr/blog/etude-metaverse/) 52 % des entreprises déjà présentes disent que leurs utilisateurs sont prêts pour le métaverse, mais une autre étude réalisée auprès du grand public montre que 54 % des utilisateurs ne sont pas prêts à faire confiance à un monde virtuel.
- Collaborer à distance
Des débuts compliqués…
On comprend mieux ainsi la situation du metaverse qui doit déjà, à minima, relever un double défi:
Si cette expérimentation vous tente tout de même, pour réussir votre investissement dans le metaverse, il sera important d’être bien préparé et de faire ses recherches pour comprendre et appréhender ce nouvel univers virtuel, les opportunités d’investissement qu’il propose, mais aussi les risques associés à un tel investissement. Il sera préférable d’avoir un horizon de placement relativement long et d’essayer au maximum d’utiliser des intermédiaires financiers régulés lorsque c’est possible.
Pour en savoir plus la « Metaverse Safety Week 2022 » aura lieu du 10 au 15 décembre. L’événement sera hébergé à distance dans un « monde virtuel créé exclusivement ».
NDLR : Dernière actualité en date : Meta a confirmé cette semaine que Vivek Sharma, le vice-président de sa division metaverse depuis août 2021, quittait l’entreprise.