Ce dimanche 20 février a marqué le coup d’envoi de la production d’électricité du Grand Barrage de la Renaissance (Grand Ethiopian Renaissance Dam : GERD) sur le Nil Bleu en Ethiopie. C’est après dix ans de travaux et de négociations que la construction de ce Méga barrage long de 1,8 kilomètres et haut de 145 mètres a pu aboutir grâce au soutien financier des habitants. En l’absence de comptabilité officielle, le coût total du projet a été estimé par les experts à 4,2 milliards de dollars.
Au départ, ce projet était financé par les fonctionnaires éthiopiens. Sollicités par leur gouvernement, ces derniers devaient participer au financement de la construction du barrage en versant un mois de leur salaire. Les économies des Éthiopiens ont ensuite pris le relai pour finaliser le projet. Le lancement officiel de cette production d’énergie renouvelable marque un tournant dans le développement économique du pays car en Ethiopie plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité (la population éthiopienne est la deuxième plus importante d’Afrique).
Pour le Premier ministre éthiopien, le GERD est « la naissance d’une ère nouvelle » en Ethiopie. Sans la persévérance de cet homme politique et la participation financière de la population du pays, ce grand barrage hydroélectrique n’aurait pas pu voir le jour. Les travaux sur ce fleuve ont été longtemps contesté par le Soudan et l’Egypte car tous deux dépendent du Nil pour leurs ressources en eau.
En 1959, suite à un accord sur le partage des eaux, l’Egypte s’était attribué un quota de 66% du débit annuel du Nil, contre 22% pour le Soudan sans l’accord de l’Ethiopie. En 2010, un nouveau traité signé par les pays du bassin du Nil a supprimé le droit de veto égyptien. Ce qui a permis à l’Ethiopie de relancer son projet de barrage hydroélectrique.
Avec ses 6.178 kilomètres, le Nil est le plus long fleuve d’Afrique. Son bassin est le 3ème plus grand bassin versant du monde et ce dernier couvre 3 254 555 kilomètres, soit 10% de la superficie de l’Afrique. Les deux grands affluents du Nil sont le Nil Blanc (qui se trouve au Soudan) et le Nil Bleu (qui se trouve en Ethiopie).
En construisant ce plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, l’Etat éthiopien prive les 2 pays voisins d’une ressource au profit de sa population. Dans le pays, plus de 90% de l’électricité est d’origine hydraulique. La puissance hydroélectrique installée en Éthiopie (4 500 MW) est répartie entre onze barrages et usines hydroélectriques sur différentes rivières du pays. La production du GERD est de l’ordre de 375 Mégawatts avec la mise en service d’une première turbine, sur les treize de l’ensemble du barrage. Une deuxième turbine sera mise en marche dans quelques mois, et l’ensemble du barrage sera opérationnel en 2024.
Dés l’annonce de cette mise en service le Soudan a dénoncé « une violation flagrante » des engagements internationaux.