Amina Azia Ouro-Agoro est une jeune entrepreneure qui a réussi à se faire un nom au Togo, en pariant sur l’agriculture locale. Avec son entreprise Minagro et son personnel composé de femmes à 80%, elle s’est spécialisée dans la transformation des produits agricoles du terroir ( le manioc, l’igname, les bananes plantains, ou la patate douce, etc… ) en farines locales de haute qualité.
Après un BTS en commerce international, Amina souhaite se lancer dans l’agrobusiness, un secteur qui la passionne. Elle fait le constat que des produits agricoles du Togo pourrissaient certaines saisons chez les producteurs, créant de grosses pertes financières, et pense alors à revaloriser ces produits en les transformant en farines.
C’est ainsi qu’elle relève trois défis qu’ont les producteurs agricoles togolais: la conservation des matières premières ( presque 30 à 45% de ces matières premières pourrissent parce que les techniques de conservation ne sont pas efficaces ), trouver de nouveaux marchés pour les écouler, et faciliter l’organisation de coopératives féminines.
Elle fait ses premiers pas dans l’entrepreneuriat en 2013, avec le soutien du Fonds d ‘Appui aux Initiatives Economiques des Jeunes (FAIEJ) et lance Minagro. La société travaille avec l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) pour assurer la qualité de ses produits destinés aux boulangers, pâtissiers, restaurant mais aussi aux supermarchés pour les ménages. Minagro parvient à donner une valeur ajoutée à ces matières premières, et garantir un revenu équitable aux producteurs tout en valorisant les métiers de la transformation agroalimentaire réalisés par des femmes. Amina reçoit le deuxième prix du concours meilleur entrepreneur en 2018 et a été décorée de l’ordre du mérite par le Président de la République Togolaise.
Aujourd’hui, sa société coopère avec une trentaine de coopératives pour la fabrication de ses farines, arrive à produire près de 20 tonnes de farine tous les 3 mois, et déclarait l’année dernière près de 19 000 000 CFA de chiffre d’affaire (en grande partie généré par les ventes à l’export).
Malheureusement Minagro n’arrive pas à satisfaire une demande qu’Amina chiffre autour de 30 tonnes toutes les 8 semaines. Elle a donc pour objectif d’augmenter sa capacité de production (de 80% environ) mais peine à trouver des financements. Elle se lance donc en 2021 dans un tour de table avec ses 5 collaborateurs afin d’une part de délocaliser sa production au plus près des agriculteurs grâce à une nouvelle unité ultra-moderne, et d’autre part monter un atelier de stockage en zone urbaine de Lomé. Amina Azia Ouro-Agoro recherche donc depuis quelques mois des actionnaires afin de monter en puissance. Le plus simple pour la contacter est via son profil sur Rencontres Africa.
La présidente de la Fédération des entrepreneurs pour la Promotion du Consommer Local (FEP-CLO) compte par ailleurs ouvrir avec ses partenaires un espace de démonstration/dégustation en centre ville afin que les consommateurs de la capitale, les pâtissiers, et les boulangers puissent facilement découvrir sa production. A l’heure ou la guerre en Ukraine fait que ces boulangers se plaignent de ne plus pouvoir faire leur pain avec de la farine de blé qu’ils importaient « il est grand temps qu’ils puissent pleinement travailler avec les farines que nous produisons au pays » sourie Amina pour qui le combat continue, tout comme celui pour les femmes qu’elle embauche « Cela permet maintenant à mes employées de payer les frais de scolarité de leurs enfants. Elles sont indépendantes, autonomes et prospères ».