Avec une ressource en eau douce insuffisante et une population en forte croissance, Dakar et sa métropole se tournent vers le dessalement de l’eau de mer.
Le président sénégalais Macky Sall a lancé la semaine dernière les travaux de la première usine de dessalement d’eau de mer du pays. Des travaux qui doivent durer 30 mois, vont coûter 137 milliards de FCFA (210 millions d’euros), financés en partie par un prêt du Japon.
Avec une capacité prévue de 100 000 m³/jour, l’ usine, située sur la côte en pleine ville ne va pas résoudre à elle seule les problèmes d’eau, mais devrait réduire les coupures qui touchent plusieurs quartiers et empoisonnent la vie des Dakarois. Sa mise en service et le renouvellement en parallèle de 316 kilomètres d’un réseau de distribution en grande partie vétuste « impacteront positivement 16 communes, soit plus d’un million de personnes dans les zones situées en hauteur ou en bout de réseau » .
Cette nouvelle source d’approvisionnement rassure la capitale sénégalaise en grande partie tributaire du lac de Guiers, situé à plus de 250 kilomètres de Dakar. Dakar, avec une croissance démographique importante, concentre sur 0,3% du territoire le cinquième des 17 millions de Sénégalais et une grande partie des activités économiques du pays. Les autorités prévoient une augmentation des besoins en eau à Dakar et dans les « pôles émergents », comme la nouvelle ville de Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de la capitale, celle de Thiès à 70 km, et la Petite Côte, une zone touristique.
«Ce projet complexe et inédit marque une étape majeure dans la réalisation du plan Sénégal émergent (PSE)», vaste programme visant à mettre le pays sur la voie de l’émergence à l’horizon 2035, a dit le chef de l’Etat.
Des pêcheurs qui travaillent à seulement quelques centaines de mètres de l’usine ont dit craindre que l’usine nuise à leur activité. Parallèlement un mouvement citoyen dénonce un projet qui pourrait causer des dégâts sur l’environnement et contaminer la faune aquatique. « Ces usines consomment beaucoup d’énergie, pas nécessairement verte, et rejettent dans la mer une grande quantité de sel. Cet excès de salinité modifie l’écosystème sous-marin. »
Réponse du gouvernement sénégalais dans un communiqué : “Toutes les études nécessaires ont été menées pour préserver l’écosystème marin, la plage et les sites traditionnels”.
L’eau potable est vitale à Dakar comme sur l’ensemble du continent. Après avoir mobilisé les eaux de surface, les eaux de pluie et les eaux souterraines, il ne reste plus que l’eau de mer… Ces usines de dessalement, déjà très présentes en Afrique du Nord, devraient se multiplier en Afrique subsaharienne pour alimenter une population en forte croissance.