En fin d’année dernière, à Kigali (Rwanda), le Forum mondial de l’économie circulaire (WCEF) a ouvert la voie à un leadership africain vers un avenir circulaire. Plus de 2000 délégués, dont des Africains venus de tout le continent, ont participé à ce forum qui a positionné l’Afrique comme potentiel leader mondial dans l’adoption de l’économie circulaire grâce à sa population jeune, à ses immenses ressources et à son dynamisme entrepreneurial.
L’économie circulaire fait référence à des pratiques commerciales qui s’appuient sur le recyclage, la réduction des déchets et la création d’emplois durables. Une étude citée par le Forum économique mondial indique que l’économie circulaire représente une opportunité de 4500 milliards de dollars d’ici à 2030. Jyrki Katainen, président du Fonds finlandais pour l’innovation, a déclaré que « Les interventions de l’économie circulaire peuvent mettre un terme à la perte de la biodiversité à l’échelle mondiale et aider la biodiversité du monde à se rétablir » Il s’agit d’une grande opportunité pour l’Afrique, car depuis quelques années, plusieurs capitales du continent sont devenues d’immenses décharges à ciel ouvert, comptant des milliers de tonnes de déchets. Lors de l’Assemblée de l’ONU pour l’environnement en 2021, l’Afrique s’était donné l’enjeu de ne pas devenir « la poubelle du monde » des déchets plastiques.
Dans de nombreux recoins de différents pays africains existent pourtant des « poubelles improvisées », des endroits où les habitants viennent déposer tous leurs déchets plastiques, particulièrement après des événements (baptêmes, mariage…). Ces décharges dégagent des odeurs nauséabondes, des fumées et des particules toxiques mettant en péril la vie des hommes, femmes et enfants les plus pauvres qui viennent y chercher de quoi survivre au quotidien.
Malgré ces nombreux déchets présents sur le continent, l’Afrique dispose de vastes ressources naturelles, d’une population jeune, dynamique et entreprenante. Elle a donc un premier rôle à jouer dans la mise en œuvre d’une économie circulaire et dans la construction d’une plus grande résilience à travers le monde. En effet, dans plusieurs pays du continent, de nombreux africains exercent déjà une forme économie circulaire. Il s’agit du ramassage d’ordures notamment au Mali et au Burkina Faso, ils sont de plus en plus à gagner leur vie grâce à cela. Certains habitants ramassent ces ordures et les vendent. Un marché plutôt rentable d’après ces travailleurs, qui parviennent pour certains à gagner entre 750 et 1 000 francs CFA en une journée (1,15 euro à 1,52 euro), en vendant le kilogramme de sachets d’ordures au prix de 100 francs CFA (15 centimes). Les bidons et boites sont quant à eux vendus un peu plus chers, leur permettant de gagner entre 1 000 et 1 500 FCFA à la journée (1,52 euro à 2,29 euros). Généralement, après leurs ventes, ces ordures sont acheminées vers un centre de tri pour ensuite être revendues à des entreprises de transformations. À Ouagadougou, se trouvent plusieurs de ces sites. Là-bas, les déchets plastiques sont transformés en pavés, en briquettes, en poubelles et peuvent remplacer le ciment lorsqu’ils sont fondus. Pour donner une idée du nombre de déchets sur le continent, entre 500 et 2 000 poubelles sont produites en un mois, sachant qu’une grande poubelle nécessite 72 bidons contre 32 pour une petite.
Dans certains pays africains, les lois interdisant la production, l’importation, la commercialisation et la distribution des sachets non biodégradables, peinent à être appliquées et les déchets plastiques ne cessent de s’accumuler. Pour certains chercheurs, si ce n’est pas par les lois, la solution passe par l’éducation, la sensibilisation, le changement de mentalité et de comportements de la population, mais aussi la nécessité de mettre en place une politique d’accompagnement pour ces déchets plastiques.
Malgré cette économie rentable qui s’instaure de plus en plus au vu de la situation environnementale, la gestion des déchets reste encore un défi à relever pour le continent africain. Au Ghana par exemple, seulement 3 % des déchets sont recyclés, alors que près de 3 000 tonnes de déchets plastiques sont jetées au quotidien, la plupart finissent dans les rivières.