Le « mobile money » est un système de portefeuille électronique sur téléphone qui permet aux personnes qui ne disposent pas de compte bancaire d’effectuer un transfert d’argent, de régler leurs dépenses, de récupérer du cash… à partir de leur téléphone. Le paiement à travers la téléphonie mobile est apparu au Kenya en 2007 avec M-Pesa, le service proposé par Vodafone.
Selon un rapport publié en avril dernier par l’Association mondiale des opérateurs et constructeurs de téléphonie mobile (GSMA) l’Afrique a accaparé 66,3% de la valeur globale des transactions de mobile money réalisées dans le monde en 2022. C’est ainsi que 836,5 milliards de dollars ont transité par le mobile money sur le continent l’année dernière, ce qui représente une augmentation de 22% par rapport à 2021.
En termes de nombre de comptes de mobile money, l’Afrique concentre 48,8% des 1,6 milliard de comptes dans le monde. En fin d’année 2022, près de 781 millions de comptes étaient recensés sur le continent (+17% par rapport à 2021).
Le continent africain est ainsi devenu en quelques années l’épicentre mondial du mobile money. Cette explosion du paiement mobile cache cependant de fortes disparités entre les sous-régions. Avec 390 millions de comptes, l’Afrique de l’Est portée par le Kenya, est la sous-région la plus dynamique, devant l’Afrique de l’Ouest. Le Maghreb est clairement à la traîne.
Le rapport montre que le mobile money s’est bien développé, notamment par ces multiples cas d’utilisations (paiement des factures et de salaires, paiements marchands, envois de fonds transfrontaliers, consultation des comptes bancaires sur téléphone, recharges de cartes téléphoniques, achats dans les boutiques… Les fournisseurs de services de mobile money offrent aussi de plus en plus de produits d’épargne, d’assurance et de crédit. Grâce à tous ces usages, le mobile money a transformé la vie de centaines de millions d’Africains et a boosté la croissance économique sur le continent. Il a contribué à l’amélioration l’efficacité de l’administration, à la réduction de la corruption, à l’amélioration l’efficacité de l’administration, à la diminution des coûts des transferts de fonds transfrontaliers, à la formalisation des entreprises, et à la réduction de la pauvreté.
Seule ombre au tableau, la taxation des transactions représente un défi majeur pour le développement du mobile money. En effet, ces taxes auxquelles recourent certains États africains risquent de freiner les progrès réalisés en matière d’inclusion financière sur le continent. C’est par exemple le cas au Ghana ou en Tanzanie, ou des taxes sur les transactions de transfert et de retrait d’argent mobile ont été introduites par le gouvernement et ont engendré une réduction du volume et de la valeur des transactions, avec de nombreux utilisateurs qui sont revenus aux traditionnelles transactions en espèces.