Lancé en juillet 2021 par le canadien Ivanhoe, avec son associé chinois Zijin Mining, le site de Kamoa Kakula est en phase de devenir l’une des plus importantes mines de cuivre au monde. Alors que ces partenaires investissent 2,8 milliards de dollars pour l’expansion du site, Ivanhoe parie, de surcroît, sur la relance de la mine de zinc de Kipushi en s’appuyant sur Gecamines et Glencore.
Un nouveau record… En RD Congo, le complexe de Kamoa Kakula a produit 35 856 tonnes de cuivre (métal) en mai dernier, soit le plus haut niveau jamais atteint depuis la mise en service de cette mine souterraine en juillet 2021. Cette production équivaut à environ 430 000 tonnes de cuivre (produit sous forme de concentré) en rythme annuel. Le site, qui emploie directement ou indirectement 7 000 personnes, devrait donc battre aisément son niveau de production de 2022, à savoir 335 000 tonnes de cuivre et poursuivre sa vive croissance en termes financiers.
Pour sa première année de plein exercice, en 2022, Kamoa Kakula a enregistré 2,15 milliards de dollars de chiffre d’affaires et un bénéfice d’exploitation record de 1,27 milliard de dollars ! Ce premier trimestre, le chiffre d’affaires a encore progressé de plus de 40% à 659 millions de dollars.
Initié par le vétéran canadien des mines Robert Friedland, 72 ans, depuis une dizaine d’années, Komoa Kakula associe, sous forme de JV, son groupe coté à Toronto, Ivanhoe Mines (39,6 %) à Zijin Mining Group (39,6 %) ainsi que l’Etat de RD Congo (20 %) et Crystal River Global Limited (0,8 %).
Situé dans le sud du pays en pleine « ceinture du cuivre », le site de Komoa Kakula est distant de 25 kilomètres de Kolwezi et environ 270 kilomètres de la capitale provinciale Lubumbashi.
Il s’agit du plus important développement vierge (« greenfield ») depuis des décennies en RD Congo et l’ensemble de l’infrastructure et des installations de traitement a été construit ces dernières années pour coût initial de 1,3 milliard de dollars. Particularité, la mine est alimentée en électricité hydroélectrique, ce qui lui confère une empreinte carbone parmi les plus faibles du monde par tonne de concentré au niveau mondial. Un avantage commercial certain pour l’avenir.
Loin de s’arrêter au succès technique des phases 1 et 2, le JV, forte aussi de ses excellents résultats financiers a déjà lancé un plan d’expansion pour les phases dites 3 et 4. Ce plan comprend l’expansion des mines souterraines et de nouvelles installations industrielles de concentration de minerai. Sur Kamoa Kakula, l’enveloppe d’investissement sur la seule période 2023 – 2024 est estimée à 2,8 milliards de dollars, un coût financé par les cash flow générés par la mine ainsi que par des investisseurs en dette. La capacité globale d’extraction et de traitement de minerai du site devrait ainsi doubler à terme pour dépasser 19 millions de tonnes.
Ivanhoe s’est lancé en parallèle dans un autre projet, d’une très grande importance pour les autorités du pays, Félix Tshisekedi au premier chef. Il s’agit de la remise en exploitation de la mine de zinc et cuivre de Kipushi, et de la construction d’une nouvelle usine de concentration.
Détenu par la Gécamines, ce site de Kipushi est localisé le long de frontière zambienne et à proximité immédiate de Lubumbashi. Il s’agit d’une des grandes mines souterraines historiques du pays, mais elle a été placée sous cocon depuis les années quatre-vingt-dix, pour des raisons de rentabilité, notamment.
Le projet est porté par la société KICO, détenue à 68 % par Kipushi Holding, filiale à 100 % d’Ivanhoe Mines et 32% par la Gécamines. La remise en production de Kipushi, pour un investissement estimé à 380 millions de dollars, sera un événement pour la région.
La décision finale d’investissement fait suite à un accord trouvé fin avril dernier entre Ivanhoe, l’Etat de RD Congo et aussi, de façon décisive, le groupe de négoce Glencore. Celui-ci apporte, en effet, 250 millions de dollars de financements au projet sous forme d’avances à ses achats de zinc. Alors que les travaux de remise en route et de construction de l’usine de concentration sont déjà lancés, Ivanhoe a confirmé il y a peu que la production de concentré devrait débuter à Kipushi au troisième trimestre 2024.