Début juin, se tenait à Paris, le salon “European Mobility Expo” réunissant de nombreux acteurs des transports publics et de la mobilité durable. Le virage de l’écomobilité y était particulièrement marqué.
Depuis sept ans, la start-up Supraways – « les chemins du dessus » – travaille sur un concept original de transport de cabines dans les airs à une dizaine de mètres au-dessus du sol. A l’occasion du salon, la jeune entreprise lyonnaise a franchi une première étape en exposant une maquette à l’échelle 1:24 de ce projet. L’idée innovante de transporter personnes et marchandises au-dessus des espaces publics et du trafic, à grande vitesse et sans interruption de service, fait son chemin et prend corps de plus en plus.
Le concept du Supraways consiste à transporter public et marchandises au-dessus des villes, avec des cabines autonomes à propulsion électrique, portée par une infrastructure aérienne qui enjambe l’espace public. « L’énergie est non polluante, le véhicule s’autoguide : on supprime les risques de panne et le coût du conducteur, avec des rails toujours propres, protégés des feuilles mortes, des déchets… » indique Claude Escala son concepteur.
Ce dispositif inclut un système d’aiguillage embarqué qui permet à chaque cabine de se diriger elle-même sur le réseau. « Chaque véhicule décide et c’est en cela qu’il est autonome ». Chaque cabine a par ailleurs son moteur électrique et sa batterie. Les recharges seront optimisées en fonction de la répartition des heures de pointe. Plusieurs types de cabines sont prévus : des cabines 7 passagers, 3 passagers + vélos, 3 passagers + fauteuil roulant, et cabines de fret qui pourront charger 3 palettes. Pour ces dernières, l’idée est d’exploiter les 20 heures creuses quotidiennes. « Quitte à investir dans une telle infrastructure, il faut absolument qu’elle relie des points logistiques (zone cargo d’aéroport, gare fret), et rabatte les flux vers des hôtels logistiques urbains, suggère Claude Escala. Dans les zones à faibles émissions, il y a vraiment un coup à jouer ! Cela permettrait d’amortir plus facilement l’infrastructure, de réduire le nombre de véhicules particuliers et de fret. Et pour le dernier km, d’autres solutions propres existent. » A quel prix ? « Les politiques français pensent que c’est moins risqué de construire des métros et des trams, mais leurs coûts sont phénoménaux ! Notre projet divise l’investissement par dix! »
Après six années de travaux d’ingénierie R&D, Supraways a déjà obtenu un premier financement d’un million d’euros, composé, entre autres, d’une aide de la Région Auvergne Rhône-Alpes d’environ 330.000 euros et de prêts pour environ 400.000 euros, provenant de banques. Claude Escala et son équipe annoncent la construction à l’automne prochain d’un premier tronçon « à taille réelle » de ce nouveau mode de transport, sur une distance d’une cinquantaine de mètres seulement pour l’instant. « L’année prochaine arrivera un centre d’essai avec 1,5 kilomètre d’infrastructure. » Deux régions sont en balance pour l’accueillir : Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France. Une levée de fonds de 10 millions d’euros est prévue pour développer « ce système de transport à la demande avec des infrastructures allégées ». Supraways a développé son bureau d’études et intégrera les solutions. La jeune pousse fera appel à des entreprises pour la construction des véhicules et des infrastructures. Rapide, fiable, écologique… La navette aérienne imaginée par Supraways, attire déjà les grandes villes étrangères.