À l’occasion de la journée Transporter organisée par Classe export le 4 juillet dernier, plusieurs conférences se sont déroulées, dont l’une intitulée « Maîtriser vos risques pour optimiser votre Supply Chain ». Pour l’occasion, Didier Aujouannet, en charge du développement de l’activité du cargo aérien sur l’aéroport Paris Charles de Gaulle (ADP), était l’un des intervenants cette conférence.
Pour lui, il est essentiel de ne pas opposer les différents modes de transport dans la décarbonation. « Je représente le groupe ADP, gestionnaire d’infrastructures de près d’une trentaine d’aéroports dans le monde et le premier groupe aéroportuaire mondial. Il faut qu’on arrête d’opposer les modes de transport, car la décarbonation ne consiste pas simplement à choisir un mode de transport par rapport à un autre. Chaque mode de transport a potentiellement sa pertinence. Par exemple, l’avion peut être pertinent pour certaines catégories de marchandises ou certaines activités spécifiques. Il est possible de rendre l’intégralité de la chaîne logistique plus vertueuse en utilisant l’avion. Cependant, des méthodologies de calcul erronées peuvent conduire à faire de mauvais choix. »
Les aéroports ont un rôle à jouer dans la décarbonation du transport. « Nous essayons de contribuer aux objectifs de l’aviation pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Notre feuille de route vise à réduire les émissions générées au niveau des aéroports dans notre groupe, qui comprend des aéroports dans divers endroits du monde. À Paris-Charles de Gaulle, par exemple, nous générons environ 3 % des émissions totales de l’aéroport en tant que gestionnaire d’infrastructures. Ces émissions proviennent principalement de la production d’eau chaude ou froide pour les terminaux aériens, ainsi que des véhicules que nous utilisons pour les besoins opérationnels. »
Pour décarboner l’aviation, il est essentiel de cibler les principales sources émettrices. « Il est nécessaire de se pencher sur les accès des employés et des passagers à l’aéroport. En effet, un grand nombre des 80 à 100 000 employés de Roissy se rendent en voiture sur le site. Améliorer la desserte en transports en commun des aéroports permettrait de réduire cette part liée aux personnels et passagers. De plus, environ 60 % des émissions sont liées aux avions et aux opérations de décollage et d’atterrissage. Il est donc primordial de travailler sur la décarbonation des avions et de limiter l’utilisation des carburants traditionnels. En tant que gestionnaire d’aéroport, nous souhaitons jouer notre rôle en accélérant la production de carburants durables nécessaires. »
À terme, le groupe ADP souhaite s’impliquer dans la production ou la distribution de ces carburants durables. « Il s’agit d’une démarche totalement inédite, car jusqu’à présent, les fournitures de pétrole ne faisaient l’objet que de contrats directs entre les compagnies aériennes et les pétroliers. Désormais, nous intervenons dans cette chaîne et nous nous impliquons également dans la filière hydrogène pour les années 2030-2035. »