Le mois dernier, le groupe Descartes a publié les résultats de la septième édition de son enquête mondiale annuelle de référence sur la gestion du transport, révélant plusieurs tendances majeures.
L’étude de 2023 révèle que des coûts plus élevés (notamment liés au carburant) et une pénurie de chauffeurs posent des défis, tandis que les investissements dans la visibilité offrent des opportunités. En particulier deux tiers des répondants indiquent qu’ils augmenteront leurs investissements dans les technologies de gestion des transports aux cours des deux prochaines années.
« Le début de l’année 2023 a été marqué par les impacts de l’inflation du coût du carburant et la baisse de la demande qui en découle. Certaines entreprises s’efforcent d’anticiper le renforcement des aspects environnementaux, y compris les exigences environnementales, afin de renforcer leur agilité et de mettre en place un système leur permettant de s’adapter et de gagner un avantage concurrentiel. Les entreprises cherchent à optimiser leur gestion du transport. L’année précédente, nous avons connu la fin de la crise du COVID-19, mais également la crise du canal de Suez, qui a entraîné des retards d’approvisionnement. Cette année, en France également, nous observons le blocage du canal de Panama, ainsi que tous les impacts liés à la guerre en Ukraine, à l’état des matières premières et aux changements de sourcing, ce qui a eu un impact sur les stratégies des entreprises. Il est également remarquable que les entreprises qui font un usage intensif des solutions de gestion du transport enregistrent les revenus les plus élevés et une augmentation du chiffre d’affaires », explique Fabien Petitjean, Senior Solutions Consultant pour Descartes.
« Descartes est une entreprise canadienne spécialisée dans les solutions de gestion du transport en mode SaaS, couvrant divers aspects liés au mouvement des marchandises, notamment la planification, le suivi de l’exécution du transport, la mesure de la performance des solutions, ainsi que la gestion du commerce international et une importante plateforme de connectivité d’échange de données informatiques dans le domaine du transport. »
Selon Fabien Petitjean, l’informatique et la technologie sont un investissement stratégique pour les entreprises dans le domaine du transport. « Dans ce contexte, les solutions de gestion informatisée du transport jouent un rôle essentiel. Elles simplifient et automatisent les opérations quotidiennes de transport tout en offrant une perspective stratégique et tactique grâce à l’analyse avancée des données. Cela permet aux entreprises d’anticiper les impacts sur les délais de livraison, les coûts et les émissions de carbone, ainsi que la congestion urbaine. En fin de compte, ces solutions sont perçues comme un investissement à long terme plutôt que simplement une solution opérationnelle. »
Pour influencer positivement leur gestion du transport en 2023, les entreprises peuvent se concentrer sur six axes clés. « Tout d’abord, elles doivent revoir leur processus d’achat de transport, en mettant l’accent sur la qualité de service comme facteur de différenciation. De plus, elles doivent adopter une approche plus agile des modes de livraison et du cross-canal. Il est également essentiel d’intégrer les défis liés à la main-d’œuvre et à la capacité des transporteurs. Ensuite, la révision de la stratégie de transport est cruciale, avec la possibilité d’utiliser les solutions de gestion du transport pour évaluer les impacts des nouveaux modes de livraison. »
« Sur le volet environnemental selon moi ce sont des changements de mode de transport, la massification des flux, essayer de regrouper les livraisons ensemble, optimiser les kilomètres pour éviter les kilomètres à vide. Le deuxième gros volet, c’est celui du réglementaire et des contraintes. Là, il y a deux choses : il y a les zones à faible émission qui vont viser à rendre les centres-villes plus respirables, mais par contre en complexifiant la gestion du transport. Le deuxième gros aspect, qui est vraiment légal, c’est la directive européenne qui va être applicable à partir du 1 janvier 2024 pour les grosses entreprises plus de 500 salariés. Dès janvier 2025 toutes les entreprises qui auront au moins 250 salariés et un chiffre d’affaires de 40 000 000 euros seront touchées. Cette directive européenne impose que les entreprises soient capables de mesurer, de cartographier toutes les émissions qui sont associées aux opérations de transport. Cela va les forcer à réduire leur empreinte carbone puisqu’au-delà de la cartographie, après, il y aura une pénalisation financière des entreprises qui ont des grosses empreintes carbone. Cependant pour pouvoir faire ça il faudra avoir les données sur les distances parcourues, le poids des cargaisons, quelles étaient les moyens de transport utilisés, est-ce qu’on était sur un moteur très polluant ou un moteur électrique ?… C’est en ça aussi que les systèmes de gestion du transport peuvent aider à décarboner. Il va être capable d’aider à choisir d’autres modes de transport, à massifier les cargaisons dans les véhicules, réduire les kilomètres à vide et puis mesurer quelles sont aussi les améliorations sur l’empreinte carbone. Les entreprises utilisatrices de ce type de solution peuvent le communiquer auprès de leurs clients et l’utiliser aussi comme un argument commercial. Quand on arrive à améliorer l’empreinte environnementale en tant qu’entreprise qui livre des produits, c’est toujours bon de le faire savoir à ses clients ».
Pour Mr Petitjean, il y a deux choses à savoir pour une entreprise qui souhaite décarboner son transport. » Il y a l’aspect opérationnel, le fait de charger mieux vos véhicules si vous pouvez utiliser un véhicule électrique plutôt qu’un véhicule thermique, si vous pouvez livrer avec des péniches des centres-villes faites-le avec des péniches plutôt que des dizaines de camions…. Faire cette bascule sur des modes de transport traditionnels vers des modes un peu plus innovants à un moment donné ça nécessite aussi une gestion opérationnelle qui est parfois un petit peu plus compliquée. Si les entreprises ne sont pas déjà dotées de solutions informatiques technologiques qui permettent de gérer ces flux, ces nouveaux modes de transport, c’est peut-être aussi le moment de se poser la question : est-ce qu’il ne faut pas que je m’équipe de ces modes de transport qui, in fine, me permettront de décarboner, de réduire mon empreinte environnementale. »
À l’avenir le groupe à plusieurs projets. « On est en train de travailler à compléter notre offre, on avait déjà des solutions de mesures d’optimisation du carbone, mais on est en train aussi de mettre à disposition de nos clients des « dashboards » pour être prêts dès l’arrivée de la directive européenne au 1 janvier. Ça, c’est vraiment sur le volet décarbonisation. Sur le reste, on travaille continuellement sur nos solutions en les enrichissant de nouvelles fonctionnalités. En ce moment on travaille beaucoup sur l’intégration d’intelligence artificielle pour soulager les planificateurs, les superviseurs. On travaille aussi beaucoup sur des systèmes d’alerte, de notification en cas de retard de livraison, ou d’aléas, sur tout ce qui va être transport international. On essaye d’avoir de la visibilité en temps réel car quel que soit le mode de transport, tout ce qui se passe à l’autre bout du monde, la crise du canal de Panama par exemple, ça peut avoir des impacts même en Europe, donc il faut aussi être capable d’anticiper tout ça, et là-dessus on travaille beaucoup sur une gestion justement plus proactive du transport en offrant des systèmes d’aide à la décision. »