D’une durée de trente ans, le contrat de concession, divisé en trois sous-contrats, porte sur quatre des douze postes d’amarrage exploités en exclusivité et quatre autres qui seront opérés conjointement avec TPA. Sur la durée du contrat DP World prévoit d’investir sur le port au moins 1 milliard de dollars sans compter des projets logistiques dans l’arrière-port et l’hinterland.
L’attribution finale du contrat sur ce port qui a connu récemment de très importants investissements en génie civil, s’est faite au terme d’un processus mouvementé. Le groupe de Dubaï affrontait notamment l’Indien Adani (APSEZ) qui gère dans le cadre d’un contrat de service une partie du port. A cela s’est ajouté une contestation de la mise en concession par des activistes de la société civile et certains partis d’opposition. Lors de l’approbation du projet par le Parlement le 10 juin dernier, des manifestations s’étaient soldées par plusieurs dizaines d’arrestations faisant les gros titres de la presse.
La situation s’est quelque peu apaisée depuis. Le contrat signé, DP World a annoncé un programme d’investissement immédiat de 250 millions de dollars pour moderniser et étendre les installations actuelles vieillissantes et régulièrement saturées. De fait, bien qu’en net progrès récemment, le port pointe encore en queue de liste, à savoir au 312ème rang sur 348, en termes d’efficacité dans le classement 2023 « Container Port Performance Index » de la Banque mondiale. Selon le groupe émirati, « une efficacité améliorée [du port] attirera davantage de compagnies maritimes et de plus gros navires à Dar es Salaam, ce qui entraînera à terme une baisse des coûts de fret maritime pour les importateurs et exportateurs tanzaniens« .
En compétition avec Mombasa au Kenya pour la desserte des pays enclavés de la sous région (Ouganda, Rwanda, Malawi…) Dar Es Salaam qui dispose d’une capacité en sec de 14,1 millions de tonnes voit transiter 95% des échanges extérieurs tanzaniens. Il constitue aussi une localisation stratégique pour l’exportation des métaux (cuivre, cobalt, etc…) de la copperbelt (RD Congo et Zambie), même si ce potentiel n’est pas totalement exploité pour des raisons logistiques et d’efficacité. A ce propos, la société GED Africa créée par le groupe hongrois Duna Aszfalt Zrt prévoit d’investir 850 millions de dollars dans une liaison routière entre Lubumbashi et Dar Es Salaam pour faciliter le transit du cuivre. En matière de logistique des groupes miniers, le port tanzanien est en concurrence avec Durban en Afrique du sud et surtout, bientôt, avec Lobito en Angola, où l’investissement dans un important corridor logistique ferroviaire vient d’être lancé.
Avec la concession de Dar Es Salaam, DP World s’assure, en tout cas, un nouveau point d’ancrage dans cette région qui fourmille de projets, et où MSC, Adani, Africa Global Logistics (qui vient juste de devenir opérateur du Zanzibar Multipurpose Terminal), sans parler des acteurs chinois, jouent des coudes. A ce titre, un des prochains dossiers chauds est la mise en concession d’une partie du port de Mombasa, ainsi que celle d’un terminal à conteneur à Dar es Salaam.
En attendant, hormis ce dernier contrat avec la Tanzanie, DP World opère déjà de longue date, et au moins jusqu’en 2033, le terminal à conteneur de Maputo au Mozambique. Alors qu’il s’était fait éjecter de Djibouti par les autorités en 2018, l’opérateur investit aussi lourdement à Berbera au Somaliland. Titulaire d’une concession de 30 ans depuis 2016, DP World y conduit 442 millions de dollars d’investissement. Le terminal à conteneurs entièrement neuf a été inauguré en juin 2021 avec une capacité de 500 000 TEU par an extensible à 2 millions TEU.