A l’occasion d’un premier forum bruxellois sur le programme Global Gateway, l’Union européenne a signé avec ses partenaires africains de nombreux accords tant en prêts qu’en subventions. En pointe : les énergies vertes, la facilitation des échanges, le commerce et le numérique ou encore le développement du secteur des métaux critiques via notamment le corridor ferroviaire de Lobito en Angola.
Une rafale de promesses européennes de financement pour soutenir des projets en Afrique… c’est ce qui ressort du premier forum Global Gateway qui s’est tenu à Bruxelles les 25 et 26 octobre dernier. A côté du soutien à l’Amérique latine ou encore à l’Asie centrale, le continent africain s’est taillé une belle part dans les annonces.
Quelques jours avant même le forum de Bruxelles, la Finlandaise Jutta Urpilainen, commissaire chargée des Partenariats internationaux avait ouvert le bal sur le sol africain. Dans le cadre d’un déplacement au Nigeria, elle a signé à Abuja mi-octobre avec Omar Alieu Touray président de la Commission de la Cedeao, plusieurs accords d’appui à l’institution régionale. Ces sept financements d’un total de 212,5 millions d’euros, viennent en soutien à de programmes socio-économiques structurels engagés par la Cedeao.
Ainsi, l’Europe va contribuer à hauteur de 50 millions d’euros à un plan de la Cedeao orienté sur les PME, et ciblé sur l’accès aux marchés et la compétitivité des exportateurs. Une ligne de 11,5 millions d’euros visera, elle, la libéralisation des services. Dans le domaine énergétique, plus de 25 millions d’euros seront engagés par l’Europe dans le cadre du développement du marché régional de l’électricité en Afrique de l’Ouest (interconnexions et augmentation de la part des renouvelables notamment). Une ligne viendra, à hauteur de 12 millions d’euros, appuyer le financement d’un programme sur la cuisson propre (ReCCAWA ou Regional Clean Cooking Action in West Africa). Une autre, chiffrée à 60 millions d’euros, va cofinancer le Programme régional d’appui au développement de l’économie pastorale en Afrique de l’Ouest et au Sahel (PRADEP-AOS). Toujours dans le domaine agricole, Bruxelles va aussi notamment accorder une aide de 20 millions d’euros à soutien à la stratégie régionale de stockage et de sécurité alimentaire de la Cedeao.
A noter que lors de sa visite au Nigeria, la commissaire Jutta Urpilainen a signé, au plan bilatéral cette fois, avec le Nigeria représenté par Abubakar Bagudu, ministre du budget, des protocoles d’accord totalisant 900 millions d’euros en prêts et subventions dans une grande variété de domaine (énergie, sécurité, migration agriculture, santé, numérique…). Quant au sommet de Bruxelles proprement dit, de multiples protocoles d’accord thématiques ou bilatéraux figuraient au menu comme dans l’hydrogène avec la Mauritanie et la Namibie, l’énergie et le numérique avec le Kenya (72 millions d’euros) ou encore le renforcement des structures étatiques avec la Somalie (89,5 millions d’euros).
Dans le domaine des matières premières critiques, l’Union européenne a, par ailleurs, confirmé son partenariat stratégique avec la RD Congo et la Zambie, deux pays en pointe sur le sujet.
Jutta Urpilainen a ainsi signé, au nom de l’Union, des protocoles d’accord pour développer les chaînes de valeur et améliorer la connectivité en matière de transports avec la ministre des mines de la RD Congo, Antoinette N’samba Kalambayi et le ministre zambien des finances, Situmbeko Musokotwane. Le plus gros projet en la matière porte sur le cofinancement par l’UE, les Etats-Unis, l’Angola, la Banque africaine de développement et Africa Finance Corporation de l’important corridor ferroviaire de Lobito en Angola. Le protocole d’accord signé par tous les acteurs à l’occasion du forum Global Gateway décrit, selon Bruxelles, « la collaboration entre les différents partenaires concernés et définit les rôles et les objectifs dans la perspective du développement du corridor de Lobito », une infrastructure critique pour la copperbelt qui a été confiée en juin 2022, pour rappel, en PPP à Trafigura, Mota Engil et Vecturis. Ce projet, le plus important du continent dans le fret ferroviaire nécessitera plus de 600 millions de dollars d’investissements et sera l’un des projets phare en Afrique cofinancé par Global Gateway.
Conçu pour amplifier l’action économique extérieure de l’Union, en réponse notamment aux Nouvelles routes de la soie chinoises, Global Gateway doit cumuler des financements de 300 milliards d’euros, dont la moitié pour l’Afrique d’ici à 2027. Même si, pour certains observateurs, il reprend des projets de financement déjà existants. Le programme avait été lancé le 1er décembre 2021 par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission et Josep Borrell, Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Ce grand plan comporte des prêts, mais aussi des subventions. Depuis le début du programme, 66 milliards d’euros ont déjà été engagés ou promis, selon Ursula Von der Leyen, dont plus de la moitié sans contrepartie de remboursements futurs.