Le Sénégal veut réaliser une production aquacole de 68.000 tonnes de poissons d’ici 2032 contre 1 500 tonnes aujourd’hui a déclaré, il y a quelques jours, le ministre sénégalais des Pêches et de l’Aquaculture, Pape Sagna Mbaye. Ces prévisions vont entraîner la création de 50.000 emplois et une contribution au PIB national à hauteur de 52 milliards de FCFA (près de 88,2 millions de dollars)
Les eaux d’Afrique, océans, mers, rivières et lacs, jouent un rôle crucial dans l’économie du continent. Dans les pays à faible revenu, les poissons contribuent à environ 20 % de protéines animales, alors que ce pourcentage atteint 50 % dans les pays insulaires ou côtiers densément peuplés. La population en Afrique de l’Ouest consomme beaucoup de poisson. Au Sénégal et au Ghana, les habitants consomment respectivement 29 kg et 25 kg de poisson par an par personne, dépassant ainsi plus de deux fois la moyenne africaine de 10 kg et légèrement au-dessus de la moyenne mondiale de 20,5 kg.
Cette demande en poisson est en augmentation en raison de l’augmentation des revenus, de l’urbanisation et de la perception positive du poisson en tant que source saine et nutritive de protéines. Cependant, le Sénégal est confronté à un déficit d’approvisionnement en poissons, ce qui nécessite d’en importer de grandes quantités. Pour faire face à l’épuisement des ressources halieutiques et à leur surexploitation par la pêche industrielle, le pays vient d’adopter une nouvelle stratégie de développement avec des objectifs ambitieux : l’aquaculture.
Malgré le fait qu’elle augmente l’approvisionnement en aliments aquatiques, les rendements économiques et l’équité sociale, mais aussi réduit les impacts négatifs sur l’environnement marin, la production de poissons issus de l’aquaculture reste encore modeste en Afrique de l’Ouest. Pour l’essentiel, la dynamique régionale est portée par le Nigeria. Au Sénégal, la contribution de l’aquaculture à l’offre totale de poissons ne dépasse pas les 1% (17% au Ghana). Le tilapia et le poisson-chat sont les deux espèces dominantes en Afrique subsaharienne, représentant 70% de son volume de production aquacole.
Face à la raréfaction des ressources halieutiques et à leur surexploitation par la pêche industrielle, le Sénégal vient donc d’adopter une nouvelle stratégie de développement de l’aquaculture sur 10 ans (2023-33) avec des objectifs ambitieux. Cette stratégie, dotée de FCFA 129 milliards (€197 millions), s’appuie sur l’entreprenariat privé et le partenariat public privé (PPP). Le chef de l’Etat sénégalais a laissé entendre que « l’aquaculture doit contribuer, de façon significative, à l’atteinte des objectifs du pays en matière de souveraineté alimentaire, de création d’emplois et de promotion de l’entreprenariat« . A cet effet, il a invité le ministre des Pêches à accentuer la montée en puissance du secteur L’exécutif a déjà notamment prévu l’établissement d’un pôle de développement dédié à l’aquaculture à Ndiaganiao dans la région de Thiès en 2024. La construction de ce pôle aquacole devrait mobiliser un investissement total de 481 millions Fcfa (773 500 $).