L’ancien PDG du groupe Engie, Gérard Mestrallet, vient d’être officiellement nommé émissaire par le Gouvernement français pour contribuer à la mise en place de la nouvelle route commerciale internationale reliant l’Inde à l’Europe, via le Moyen-Orient, soutenue par les États-Unis. C’est donc lui qui représentera les intérêts de la France et de ses entreprises dans ce projet de corridor logistique baptisé « route des épices » voulu pour concurrencer directement les nouvelles « routes de la soie » développées par la Chine.
Le projet IMEC (India-Middle East-Europe Economic Corridor) lancé en marge du dernier sommet du G20 à New Delhi, en septembre 2023, implique neuf grandes puissances économiques, qui représentent 40 % de la population mondiale et plus de la moitié de l’économie mondiale. On y compte les États-Unis, l’Inde, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Allemagne, l’Italie, l’Union européenne et la France (qui est le seul pays participant à avoir nommé un émissaire pour le moment). Sa principale ambition est de créer un réseau ferroviaire (connexions navire-rail) la mise en place d’une liaison numérique haut débit, d’un câble électrique et d’une conduite d’hydrogène vert, sur une distance totale de 4800 km. L’IMEC sera composé de deux corridors commerciaux distincts. Un premier corridor maritime relira l’Inde à Dubaï. Les conteneurs seront ensuite transbordés par le train jusqu’au port d’Haïfa en Israël puis ils embarqueront à nouveau sur des navires vers l’Europe.
L’un des avantages économiques clés du projet IMEC est la réduction prévue des coûts de transport (estimée à moins de 30 à 40 %) entre les ports européens et les régions partenaires. Cette infrastructure permettra aussi d’augmenter l’influence européenne dans la région du Golfe. En se connectant plus étroitement avec des économies émergentes telles que l’Inde et des centres économiques clés comme le Moyen-Orient, l’Europe pourra diversifier ses partenariats économiques au-delà de ses relations traditionnelles et assez dépendantes comme avec la Chine ou d’autres grands marchés. Par ailleurs la liaison ferroviaire prévue devrait permettre de rendre les échanges commerciaux entre l’Inde et l’Europe 40 % plus rapides. La mise en œuvre du projet IMEC nécessitera d’importants investissements dans les infrastructures de transport, devrait coûter des dizaines de milliards de dollars et devra relever d’énormes défis logistiques.
La lettre de mission de Gérard Mestrallet lui fixe comme objectif de positionner la France comme point d’entrée et de sortie principale, en Europe, du futur corridor IMEC qui n’en est qu’à ses débuts mais qui devrait contribuer à la diversification des sources d’approvisionnement et renforcer la sécurité économique, énergétique et sanitaire du pays. Emmanuel Macron, qui souhaite que la France devienne un acteur clé de ce projet, espère que Marseille puisse être la « tête de pont » européenne du chantier.