2024 va être un véritable challenge pour Franck Riester car redresser le commerce extérieur ressemble à une opération sauvetage de style mission impossible à court terme tout du moins.
Le déficit du commerce extérieur de la France 2023 a connu une embellie grâce à la diminution du coût de l’énergie qui est l’un de nos principaux postes d’importation. On arrive aujourd’hui légèrement sous la barre des 100 milliards contre 162 milliards en 2022. Cependant l’indicateur du déficit du commerce extérieur de la France est assez controversé, car le modèle de développement à l’international français est basé sur des implantations à l’étranger de grandes multinationales dont le CA n’est pas comptabilisé dans la balance commerciale. D’autre part les services sont, eux, très bénéficiaires de plus de 50 milliards d’euros. Il faut donc peut-être relativiser cet indicateur. La santé moyenne du commerce extérieur français est tout de même soulignée par l’OMC dans ses derniers indices qui indiquent que la part de marché de la France dans le commerce mondial est passée de 5% dans les années 2000 à 3,3% dans les années 2010 pour retomber à 2,7% aujourd’hui. Plus encourageant est le nombre d’exportateurs qui a augmenté de près de 30% en 10 ans. On compte aujourd’hui près de 130 000 exportateurs en France, ce qui est encourageant pour la suite. C’était l’un des objectifs de Laurent Saint Martin, le Directeur Général de Business France qui s’en est félicité en début d’année.
Franck Riester connaît bien le commerce extérieur, puisqu’il a déjà occupé la fonction de 2020 à 2022. Il connaît tous les acteurs, tous les arcanes du système et tous les éléments de langage. Il a pour particularité d’être un ancien chef d’entreprise. Il sait comment les entrepreneurs fonctionnent et fait quelque part parti de la « famille ».
Dans les facteurs positifs on note la bonne santé de l’aéronautique française dont le carnet de commandes est plein et qui devrait avoir des impacts directs au fur et à mesure des livraisons.
Enfin la politique très active du made in France dans l’industrie devrait, elle aussi, bénéficier aux exportations françaises par accroissement des investissements industriels. Toutefois, les relocalisations ne sont très significatives.
Que faire dans ce cas pour accélérer le redressement du commerce extérieur ?
Augmenter l’accompagnement public ? Le budget contraint de Bercy ne va pas donner au Ministre beaucoup de liberté et son efficacité dans les chiffres n’est pas prouvée depuis 10 ans. Confier une partie de l’accompagnement au privé ? C’est clairement une solution possible qui a été choisie par de nombreux pays comme les Pays-Bas. Elle a le mérite d’être opérationnelle tout de suite, sans peser sur les comptes de l’état à long terme.
La mesure phare du commerce extérieur depuis 50 ans est l’assurance prospection, aujourd’hui gérée par BPI France. Elle est efficace, elle permet au chef d’entreprise de prendre plus de risques. Sa diffusion plus large permettrait d’engendrer une accélération naturelle puisque selon les chiffres fournis par BPI le facteur accélérateur est de x 3 pour ceux qui utilisent cette assurance. Il s’agit donc d’un effet de levier majeur que pourra actionner le Ministre.
Malheureusement le contexte européen n’est pas non plus propice, or les marchés européens représentent plus de 70% de nos exportations. Le ralentissement fort de l’Allemagne, la guerre en Ukraine … rien ne va faciliter nos positions commerciales en Europe. Il est donc important de diversifier ses parts de marchés sur les marchés émergents qui eux supportent la croissance mondiale.
On peut souhaiter bonne chance à Franck Riester, sa tâche ne va pas être facile, mais il a sans doute aujourd’hui plus de poids politique qu’il n’en avait lors de son premier mandat ce qui pourrait faciliter de futurs arbitrages.