Le principal indice conjoncturel de l’OMC reste en territoire négatif sur ce début d’année, même s’il se redresse un peu. Les taux de fret continuent d’être fortement déprimés.
Il faut encore attendre pour un retournement de tendance positif du commerce des biens. C’est ce qui ressort de la dernière livraison du baromètre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) parue ce 31 mai. L’indicateur composite avancé de l’OMC fournissant des informations en temps réel sur la trajectoire du commerce des marchandises demeure en terrain négatif. S’affichant à 95,6, cet indice reste en dessous de la valeur de référence de 100 qui fixe la limite entre expansion et contraction.
Au quatrième trimestre de 2022, le volume du commerce mondial des marchandises a chuté de 2,4 % en rythme trimestriel et de 0,8 % en glissement annuel, selon l’institution multilatérale basée à Genève. Une situation dont les causes sont multiples à commencer par l’impact de la guerre en Ukraine, la forte inflation des biens et services ou encore la hausse des taux d’intérêts dans le cadre de politiques monétaires restrictives à l’échelle mondiale. Sans parler de la réorganisation des chaînes de valeur liées aux tensions Chine – Etats-Unis ou à la guerre des subventions vertes entre l’administration américaine et l’Union européenne.
Note encourageante, l’indice OMC se redresse toutefois un peu sur la dernière période. Lors de la précédente publication de l’indice, le 1er mars dernier, celui-ci, en effet, s’affichant à 92,2 contre, donc, 95,6 pour celui du 1er juin.. « Cela donne à penser que le commerce des marchandises (…) pourrait se redresser au deuxième trimestre 2023 », estiment les experts de l’OMC. Selon eux, l’augmentation des commandes à l’exportation indique un revirement au deuxième trimestre. Ces résultats sont conformes aux dernières prévisions de l’OMC, qui prévoit une croissance du commerce des marchandises de 1,7% en 2023.
Après la reprise post Covid de 2021 (+9,7% en volume), le commerce mondial des marchandises, bien qu’ayant atteint le record historique de 25 300 milliards de dollars, a augmenté modestement en 2022. La croissance des échanges dynamique au début de l’an dernier s’est peu à peu affaissée, notamment sous l’effet de la guerre en Ukraine, pour finalement se contracter au quatrième trimestre. Sur l’ensemble de 2022, la croissance a été de seulement 2,7% en volume. Dans le même temps, le PIB mondial avait augmenté de 3,2% en 2022, ce qui indique une diminution de la part relative des échanges dans la croissance planétaire.
Le baromètre OMC du commerce des marchandises est un indicateur composite avancé agrégeant différentes données. Dans le détail, concernant la tendance actuelle, l’indice des produits automobiles (110,8) progresse nettement grâce à de fortes ventes aux États-Unis et en Europe. L’indice prédictif des commandes à l’exportation rebondit également (à 102,7). L’indice du commerce des matières premières agricole est presque à l’équilibre (99,5) mais les indices représentant le fret aérien (93,5) et le commerce de composants électroniques (85,2) sont en terrain nettement négatif, sans parler du transport par conteneurs (89,4).
A ce titre, note l’OMC, « l’assouplissement en Chine des contrôles liés à la pandémie semble avoir stimulé le trafic portuaire dans le pays, mais cela a été contrebalancé par la baisse d’activité dans les ports européens ».
Signe de la déprime du marché du fret maritime, le World Container Index de la firme londonienne Drewry Shipping Consultants s’affichait ce premier juin à 1 682,1 dollars par conteneur de 40 pieds, contre plus de 7 626 dollars il y a un an, le 2 juin 2022, soit un plongeon de près de 78%! Ce qu’illustre par exemple chez CMA-CGM, la chute de 5,3% en volume et 40,3% en valeur des résultats de l’activité maritime ce premier trimestre.
A noter que le groupe Allianz, leader mondial de l’assurance-crédit (Allianz trade ex-Euler Hermes) vient de son côté de publier ce 1er juin sa propre analyse annuelle des échanges mondiaux. Selon l' »Allianz Trade 2023 Global Survey », le commerce devrait nettement ralentir en 2023 à 0,7% de croissance en volume, contre 3,8% en 2022 et très légèrement reculer en valeur (-0.1% contre +9.7% en 2022). L’enquête d’opinion d’Allianz Trade réalisée auprès de 3 000 entreprises européennes et américaines indique, par ailleurs, que 70% d’entre elles s’attendent à une progression de leurs exportations contre 80% l’an dernier. Dans le même temps 40% des entreprises interrogées craignent une hausse des défauts de paiement à l’export. C’est 11 points de plus qu’en 2022.