Entré en vigueur ce 31 mai, le traité de commerce devrait avoir un léger effet positif sur la croissance britannique. Alors que le Royaume-Uni affiche déjà un fort excédent commercial avec l’Australie.
Un premier accomplissement sur un très long chemin…. ce 31 mai à minuit est entré en vigueur l’accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et l’Australie. Initié formellement presque immédiatement après le Brexit le 1er juin 2020, ce traité de libre-échange est le premier « nouvel accord » signé depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Les autres accords commerciaux conclus depuis le Brexit, environ 70, dont la plupart avec des pays africains ou encore des Nations comme le Mexique ou le Vietnam n’ont fait que reconduire à titre transitoire les précédents accords européens.
Pour rappel, simultanément avec l’accord australien, le traité du libre-échange conclu en février 2022 avec la Nouvelle-Zélande est également entré en vigueur ce 31 mai. Les deux accords étant très proches.
Selon le gouvernement britannique, en termes d’impact économique, l’accord avec l’Australie devrait accroître le PIB du Royaume-Uni de 0,08 % ou 2,3 milliards de livres (2,67 milliards d’euros) chaque année en moyenne d’ici 2035.
L’accord entre les deux membres du Commonwealth se veut ambitieux. Il élimine les droits de douane sur 99% des produits et est, notamment, plus large que l’accord Australie – Union Européenne sur les produits agricoles.
Ce point, épineux comme toujours, a provoqué des inquiétudes dans les milieux agricoles britanniques, notamment chez les producteurs d’ovins.
Globalement, selon une note de la Chambre des Communes, l’agriculture et l’agroalimentaire britannique feront partie des rares secteurs du Royaume à être négativement impactés par le « deal » entre Londres et Canberra.
L’accord contient des dispositions visant à limiter les obstacles techniques au commerce. Il prend en compte les mesures sanitaires et phytosanitaires relatives à la sécurité sanitaire des aliments et à la santé animale et végétale, un point très sensible pour les deux pays qui ont la particularité d’être des îles, exemptes de certaines maladies.
Au total, l’accord contient 32 chapitres couvrant un très large éventail de questions, ainsi des dispositions couvrent le commerce des services, le e-commerce, les marchés publics et la propriété intellectuelle. Le sujet de la réglementation des différends sur les investissements est, toutefois, exclu de l’accord et devrait être traité ultérieurement.
A noter que le traité avec l’Australie couvre partiellement la circulation des personnes, les citoyens de moins de 35 ans des deux pays pourront voyager et travailler plus facilement.
Le Royaume-Uni a exporté 9,8 milliards de livres sterling de biens et de services vers l’Australie en 2021, soit 1,6 % de ses exportations. Il a importé 4,6 milliards de livres sterling d’Australie, soit 0,7 % de ses importations.
Au-delà des aspects commerciaux, le deal avec l’Australie revêt une importance symbolique pour le Royaume-Uni. Le pays est, en effet, engagé dans un partenariat de plus en plus étroit avec l’Australie dans le cadre de l’accord de coopération militaire tripartite dit AUKUS (Australia, United Kingdom, United States) annoncé le 15 septembre 2021 et qui avait causé la perte par la France d’un contrat avec l’Australie longuement négocié de douze sous-marins.
Cet accord AUKUS a fait l’objet à San Diego le 14 mars dernier d’une présentation formelle par le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le Premier ministre australien Anthony Albanese et le président américain Joe Biden.
Rishi Sunak et Anthony Albanese se sont à nouveau rencontrés le 5 mai à Londres (photo) à l’occasion du couronnement de Charles III pour évoquer différents sujets commerciaux et stratégiques. C’est à cette occasion qu’ils ont annoncé la conclusion finale de l’accord de libre-échange, entré en vigueur quelques semaines plus tard.
Après cette première étape australienne et néo-zélandaise, figure désormais en tête de liste de l’agenda commercial britannique, les négociations complexes, engagées avec les États-Unis et l’Inde pour conclure des accords « nouvelle manière ». Une tâche d’une toute autre ampleur.