La part du « Made in France » dans la consommation française a largement baissé depuis les années 1960 au profit du « Made in China », c’est ce que confirme une étude de l’Insee, publiée le 30 octobre dernier. Le made in Chine a remplacé le made in Europe dans la consommation française et le « Made in France » est ainsi passé de 89 % de la demande intérieure dans les années 60, à 78 % en 2019.
Cette tendance est commune à plusieurs pays européens et la baisse est particulièrement prononcée dans les produits manufacturés, où elle est passée de 82 % à 38 % sur cette même période. « Plusieurs études récentes ont analysé les vulnérabilités de l’économie française », détaille l’Insee. La fabrication de textile habillement, de produits pétroliers raffinés, pharmaceutiques, informatiques et électroniques est particulièrement concernée.
Les auteurs de l’étude expliquent que « cette tendance reflète la mondialisation croissante des dernières décennies, notamment l’expansion du commerce chinois depuis le début des années 2000 ». Les appels à produire davantage en France se font donc de plus en plus entendre et les raisons invoquées sont variées : « Localiser l’investissement sur le territoire national induit des effets directs sur l’emploi et la valeur ajoutée (…), il permet de réduire le déficit extérieur (commerce de marchandises), qui a atteint en 2022 un niveau record depuis 1949, s’établissant à -7 % du PIB (soit 163,6 milliards d’euros). »
« Si un établissement manufacturier produisant un milliard d’euros de valeur ajoutée s’installe en France plutôt qu’à l’étranger, la valeur ajoutée augmentera en France de deux milliards d’euros en tout », calcule l’Insee. Un coefficient multiplicateur particulièrement élevé dans l’agro-alimentaire et l’automobile (2,6), ainsi que dans celle du bois et du papier (2,2). Mieux, la localisation en France, plutôt qu’à l’étranger, d’une activité manufacturière générant un milliard d’euros de valeur ajoutée est susceptible de créer 24 400 emplois.
Enfin, dernier volet de cette étude : outre l’impact positif des implantations d’entreprises sur le sol tricolore, « localiser l’activité industrielle en France ferait baisser les émissions de CO2 à l’échelle mondiale. Mais pas à l’échelon hexagonal. », admettent les auteurs.
Alors que le made in France tient salon à Paris actuellement et jusqu’au 12 novembre pour la 11e année consécutive, ce rapport de l »Insee résonne comme un signal d’alarme, et principalement sur des domaines stratégiques tels que la production de médicaments ou certains composants jugés stratégiques pour notre pays qui se retrouve ainsi soumis aux aléas des ruptures d’approvisionnement.