La Chine détient aujourd’hui 62,1% de la dette externe bilatérale de l’Afrique subsaharienne. Une tendance accentuée depuis le début des années 2010 notamment avec la naissance des nouvelles routes de la soie.
L’expression Chinafrique, popularisée depuis la présence de plus en plus accrue de la Chine sur le continent, fait partie des réalités géopolitiques. Et cela se traduit dans les chiffres. Les pays africains sont de plus en plus dépendants de la Chine, premier bailleur bilatéral de nombreux pays africains.
Historiquement pourvoyeuse de dons en Afrique, la Chine a fait évoluer son intervention à travers des prêts concessionnels et commerciaux. Elle utilise généralement des combinaisons d’interventions, mélangeant dons, prêts concessionnels, crédits-exports et investissements directs, ce qui rend complexe l’analyse de son dispositif global d’investissement et les comparaisons avec les pratiques d’autres bailleurs.
Le rapport de la « Direction générale du Trésor » de novembre 2021 révèle que la conjugaison des procédures opaques et la complexité des acteurs impliqués rendent difficile l’analyse d’une dette dite « cachée ». Horn et all (2019) estiment que 50% des prêts chinois aux pays en développement ne sont pas déclarés au FMI ou à la Banque Mondiale. Les prêts accordés par la Chine reposent sur une architecture institutionnelle complexe. Ses banques d’Etat, l’EximBank of China et la China Development Bank, jouent un rôle central.
Les secteurs miniers, du transport et de l’énergie grands gagnants des prêts octroyés
En effet, les prêts chinois se répartissent inégalement sur le continent africain. L’Afrique Centrale et l’Afrique de l’Est cumulent respectivement 44% et 38% des prêts accordés par la Chine, contre 14% en Afrique de l’Ouest et 4% en Afrique Australe. En comparaison, Et ces prêts bénéficient principalement à sept pays qui concentrent 67,1% des prêts octroyés par Pékin : l’Angola, l’Ethiopie, la Zambie, le Kenya, le Nigeria, le Cameroun et le Soudan. Des prêts à destination de l’Afrique centrale, expliqués par l’accentuation des relations commerciales liées aux nouvelles routes de la soie.
Trois secteurs concentrent les prêts chinois : le transport, l’énergie et le secteur minier. Plusieurs projets traduisent cette intervention chinoise : la construction d’une voie express en Ouganda en 2011, une ligne ferroviaire entre Nairobi et Mombasa au Kenya en 2014 ou encore entre Djibouti et Addis Abeba en 2013. Des projets qui se juxtaposent à une présence déjà marquée de la Chine dans le secteur des infrastructures de télécommunication notamment.
La Chine bienvenue pour les populations locales
Si les pratiques opaques de la Chine alarment les institutions internationales, l’influence de la Chine ne dérange guère les populations africaines. En effet, selon Afrobarometer, le modèle de développement chinois est considéré par 23% des sondés comme le meilleur modèle derrière les Etats-Unis (32%) et devant les anciennes puissances coloniales (11%). L’influence chinoise est perçue positivement par les populations ; 59 % des sondés considèrent l’influence chinoise comme positive sur leur pays. En effet, certains grands projets d’infrastructures participent à la réduction de certaines inégalités, notamment spatiales. Selon une étude de Cooper réalisée en 2019, une augmentation de l’aide chinoise de 10 % est associée à une hausse du PIB du continent de 0,24 %.
L’investissement massif de la Chine en Afrique subsaharienne comporte son lot de questions. Bouleversements géopolitiques, restructuration des relations multilatérales et de l’intégration régionale ou encore risque de surendettement économique sont des problématiques soulevées par l’influence chinoise de plus en plus importante sur le continent africain.