Organisé pour la 1ère fois en Afrique sub-saharienne, le forum mondial de l’eau démontre par sa mobilisation l’ampleur du problème lié au réchauffement climatique. Accès à l’eau potable, irrigation des terres agricoles, changement des paysages et des modes de culture…
C’est une sorte de mobilisation générale qui est sonnée depuis le début de la semaine à Dakar sur un forum qui rassemble des politiques, des ONG, des acteurs publics de l’eau et des entreprises. Selon Macky Sall, le Président du Sénégal et de l’Union Africaine, « la situation n’est pas rassurante, deux personnes sur cinq dans le monde vivent dans des régions où l’eau est rare ». Il pense que la situation va empirer dans les toutes prochaines années et que cela peut mettre à mal la sécurité des Etats dans les pays concernés.
En marge du Forum, la Région Auvergne Rhône-Alpes, les Rencontres Africa et l’AIRF (association Internationale des Région francophones) organisait un évènement pour permettre des rencontres directes entre collectivités africaines, entreprises françaises qui ont des solutions et des ONG présentent sur le terrain.
Ces rencontres ont bien mis en valeur l’ampleur du problème.
Dans la région de Kopentum au Sénégal, c’est devenu un problème social. L’augmentation de la population et donc des besoins en eau est problématique. Il faut revoir toutes les infrastructures. Le stress hydrique et la baisse des réserves d’eau touchent aussi les agriculteurs qui voient leurs récoltes qui diminuent, faute d’irrigation. En Casamance le niveau du fleuve Sénégal dans le Nord baisse, s’en suit un ensablement qui touche toute la population, les modes de déplacement, l’eau potable…
Au bénin, le problème vient à l’inverse des très fortes pluies saisonnières qui augmentent mais qui sont accompagnées de périodes de sécheresse plus longue. Comment, dès lors, stocker des quantités importantes d’eau pour permettre une consommation normale?
A Dakar, l’état a décidé de prendre le problème à bras le corps : construction d’une usine de désalinisation, rénovation de 240 km de réseau d’eau, amélioration de la disponibilité… les grands moyens seront déployés pour essayer de résoudre le problème d’accès à l’eau qui touche entre un habitant sur 2 et un sur 3 de la ville.
La plupart doivent faire des forages de plus en plus profonds jusqu’à 500m pour certaines régions et doivent résoudre un problème d’eau saumâtre.
En face de cela les entreprises ont des solutions.
L’entreprise Mixel propose d’épurer des eaux grâce a des agitateurs. Elydan des tuyaux très de très haute qualité qui sont garantis plus de 50 ans. Paratronic réalise des capteurs électroniques pour aider à la gestion des eaux. Surtec fait de l’hybridation de solutions qui utilisent le photovoltaïque. Innovaya a développé des systèmes autonomes de traitement de l’eau qui intervient de façon originale à mi-chemin entre une ONG et une entreprise. Une façon de faire très adaptée au contexte africain. Sans pouvoir toutes les citer, les solutions sont nombreuses, et démontre la bonne adéquation de l’innovation Française au contexte Africain dans le domaine de l’eau.
De son côté le pôle de compétitivité Tenerrdis, qui rassemble des entreprises et fait la promotion d’innovations dans les secteurs eau et énergie, coordonne un programme européen nommé « AEWEN » qui vise à créer un réseau d’acteurs entre l’Afrique et l’Europe qui va se focaliser sur 3 pays : Tunisie, Maroc et Sénégal. « La relation eau et énergie est très forte, là ou il y a besoin de pompage ou de dessalement il y a besoin d’énergie » déclare Ingrid Milcent, la responsable du Pôle de Compétitivité qui souhaite mettre en place un vrai accompagnement pour aider à l’aboutissement des projets.
Reste à résoudre le problème de base, qui est de trouver les financements pour mettre en place les projets demandées par les collectivités en Afrique. Entre bailleurs de fonds internationaux et projets PPP, les solutions ne pourront émerger dans un premier temps qu’avec de l’argent de la collectivité pour « amorcer la pompe » (sans jeux de mots) et permettre de réaliser les infrastructures.