Interrogé récemment par nos confrères de RTL, Jean-Yves Le Drian a bien avoué que les relations internationales se tendent partout dans le monde ce qui rend la tâche de la diplomatie française plus difficile. Ces nombreux points de tension ne sont pas sans poser des problèmes à nos entreprises dans leur déploiement à l’international.
La situation avec les Etats Unis, bien qu’apaisée, reste tendue. Joe Biden a soufflé le froid puis le chaud. Il restera des séquelles de l’affaire australienne dans le temps long, sur tous les dossiers de négociations tarifaires et réglementaires. On est bien loin d’un accord UE-USA et les négociations sont repoussées et dans l’impasse.
La Russie de Poutine prend des positions très fermes, qualifiées de « préoccupantes » par Jean-Yves Le Drian. Les forces Russes à la frontière Ukrainienne inquiète en tout premier lieu le Ministre des Affaires Etrangères qui craint que Poutine ne franchisse la frontière un jour, « ce qui aurait des conséquences graves. » La Biélorussie, poussée par Moscou, crée de toutes pièces une crise migratoire. Enfin et surtout, les mercenaires de Wagner au Mali restent au travers de la gorge des instances françaises qui en font une affaire de principe.
Presque à chaque déplacement français en Afrique le sujet est évoqué. Pour l’Etat Français il est hors de question que ces mercenaires plus ou moins contrôlés par la Russie viennent mettre les pieds dans un pays où la France a plus de 5 000 soldats en poste.
En attendant, les relations avec la Russie se tendent. A un moindre degré l’affaire de la non-reconnaissance de l’appellation « Champagne » en est une illustration.
Au sein même de l’Europe la situation du candidat Macron est complexe avec la montée du populisme en Pologne, en Hongrie, en Italie ou en Espagne. Cela pousse la France à exacerber sa position, en rapport avec le contexte électoral français. A l’aube de la Présidence française de l’Union Européenne – qu’Emmanuel Macron voudrait exploiter fortement – nous ne sommes pas dans une position consensuelle. Cela est d’autant plus vrai que l’Allemagne, partenaire privilégié de la France dans l’UE, est affaibli, tant que la succession d’Angela Merkel n’est pas totalement stabilisée.
Le dossier Algérien, est lui aussi complexe. Malgré les efforts français pour normaliser les relations et la reconnaissance des exactions, le pouvoir algérien exaspère le Président Macron qui ne le cache pas. La mesure sur la limitation des visas n’est pas passée, les positions françaises lors de la COP 26 n’avantagent pas l’Algérie. Le je t’aime, moi non plus habituel dans les relations franco-algériennes, devient plus complexe. L’immobilisme Algérien qui tarde à réformer, les positions sur le sud marocain… rien ne va.
Même si la tension est cachée dans le non-dit, cela fragilise aussi la position de nos entreprises françaises. L’administration et les entreprises publiques algériennes sentent bien, que sur le sujet, il faut faire profil bas pour le moment.
Enfin, le Brexit continu à envenimer les relations avec les Britanniques. Les Français ont fait du cas de la pêche une sorte de cas d’école car le dossier est très médiatisé, même s’il ne concerne qu’une infime partie du commerce extérieur. Il est vrai que les Britanniques jouent un double jeu et ne sont pas prêts d’assumer le Brexit douanier Anglais qu’ils ont encore repoussé au 1er janvier 2022.
Face à ces situations complexes, Franck Riester le Ministre du Commerce extérieur, fait preuve d’un activisme significatif avec de nombreux déplacements : en Afrique tout d’abord, l’un des fers de lance de la diplomatie économique de la France, mais aussi aux Etats-Unis, au Portugal, en Pologne… Il sera au Maroc cette semaine, interviendra à Lomé au Togo sur les Rencontres Africa la semaine suivante. Il s’efforce d’apporter avec lui une dynamique et un soutien aux entreprises françaises à chacun de ses déplacements.
Cela démontre plus que jamais que l’existence de la France sur la scène internationale pèse également sur le business. La modernisation attendue du corps de la fonction publique inquiète. La réforme en profondeur de l’AFD dans ses méthodes est réclamée. Il va falloir que les réformes soient rapides et nettes car les entreprises françaises ont plus que jamais besoin de soutien et de visibilité dans cette recomposition planétaire.