Alors que Niamey annonce le départ de tous les soldats français d’ici le 22 décembre, ce qui marque un profond divorce entre les putschistes et la France et avec la communauté internationale, les négociations s’intensifient pour trouver une issue à la crise.
Le blocus des frontières et les sanctions internationales pèsent lourdement sur le pays. Aujourd’hui, le Niger est pratiquement à l’arrêt, faute d’importations et d’exportations possibles, sauf par le Burkina Faso et le Mali, deux pays enclavés et eux-mêmes sous sanctions.
Les sanctions financières sont également très punitives, car elles bloquent complètement les échanges commerciaux avec d’autres pays.
La CDEAO a, quant à elle, fait un pas dimanche dernier lors de sa réunion à Abuja au Nigeria, en ouvrant la voie à un assouplissement soumis à deux conditions. La première est de faire une transition courte : un retour à un gouvernement civil sous un an est l’objectif. La 2ème condition est de relâcher le Président Bazoum et sa famille qui sont détenus depuis le mois de juillet dernier.
De bonne source, cet assouplissement serait sans doute possible de la part du Général Tiani qui est aujourd’hui pris au piège de son intransigeance. Le manque d’approvisionnement en produits alimentaires du pays entraine une situation précaire, selon les ONG implantées. Elles décrivent la situation comme étant désastreuse et urgente. Le deuxième front du général est sécuritaire, et de nombreuses attaques perpétrées par les djihadistes ont fait beaucoup de morts, même si l’information est bien contrôlée ; l’existence même de ces conflits armés décrédibilise la junte.
Les États-Unis, qui jouent les cavaliers seuls dans ce paysage mouvementé et organisent des contacts directs pour trouver une solution de compromis et tirer les marrons du feu face aux Russes, comptent bien profiter de la déconfiture des Français. De son côté, le Président Togolais joue les médiateurs. Il a accueilli le Général Tiani à Lomé en fin de semaine dernière pour lui faire entendre raison et sans doute lui proposer d’accueillir le Président Bazoum.
Le discours très poujadiste du Général Tiani n’aide pas à trouver la solution. Il continue à plaider pour une transition de trois ans et affirme que Bazoum ne craint rien, mais écarte l’exfiltration hors du pays. La conjoncture humanitaire devient tout de même suffisamment grave pour que la normalisation de la situation arrive maintenant rapidement.
Le recours du Niger devant la cour de justice de la CDEAO quant aux sanctions a été rejeté, il ne reste plus au Général Tiani beaucoup de solutions …
Les ONG et organismes internationaux sont prêts à intervenir. L’AFD n’a pas fait connaître clairement sa position en cas de concessions. Ils étaient parmi les premiers bailleurs de fonds du pays.
On va souhaiter que la position américaine et les efforts du Président du Togo aboutissent pour débloquer cette situation, et quelques signaux faibles semblent aller dans le bon sens.