Une situation macroéconomique qui s’améliore, mais sans étincelle. Tel peut être en résumé l’analyse du FMI à propos des grands équilibres du Congo. C’est ce qui ressort de la mission d’évaluation approfondie du pays conduite par l’institution en novembre 2023 et dont le résultat a été publié il y a quelques jours.Le Congo connaîtra une reprise économique modérée avec une croissance de 4,4% cette année, soit un peu mieux que les 4% atteints en 2023, selon les experts de l’Institution de Washington que dirige Kristalina Georgieva. La progression du PIB, selon ce rapport, ne devrait pas accélérer et est attendue à 3,2% seulement l’an prochain.
A noter que l’investissement public et privé s’affichera à un niveau stable et relativement favorable de 28% du PIB à la fois cette année et en 2025.
Dans ce pays de 5,1 millions d’habitants, la reprise économique doit beaucoup au secteur pétrolier, dont la contribution au PIB va croître de 6,5% cette année, contre seulement 3,8% pour celle du secteur non pétrolier.
Ceci résulte de la mise en valeur de nouvelles ressources, notamment gazières. Le méga-projet Congo LNG d’Eni, mis en œuvre de façon accélérée par le groupe italien (deux usines flottantes, dont une déjà en activité), devrait ainsi atteindre une capacité de 4,5 milliards de mètres cubes de GNL en 2025. Néanmoins, cet effet dopant sera de courte durée puisque, selon le FMI, le PIB pétrolier devrait rester quasi stable en 2025 (-0.3%).
Dans ce contexte, la balance courante (équilibre des échanges extérieurs) s’affichera à 3,2% du PIB cette année, mais seulement à 0,6% en 2025, un point de vigilance aigu pour l’institution de Washington. Car ce chiffre, apparemment convenable, est distordu par l’effet des revenus pétroliers. Hors hydrocarbures, la balance des échanges du pays présidé par Denis Sassou Nguesso affiche un déficit d’environ 10% du PIB.
Le travail du FMI s’inscrit dans le cadre de l’article IV (revue régulière des pays membres du fonds) mais surtout d’une « facilité élargie de crédit » de 455 millions de dollars accordée par l’institution multilatérale en janvier 2022 à Brazzaville en contrepartie de certaines réformes. Dans un contexte de relance post-covid, cet appui se justifie par l’équilibre fragile de la balance extérieure ainsi qu’une dette publique très lourde. Le service des intérêts absorbe ainsi 29% des ressources budgétaires de l’Etat. Cette dette, qui a fait l’objet de nombreuses opérations de restructuration par le passé, a dépassé la barre des 100% du PIB en 2023 (102,3%) mais devrait peu à peu refluer pour atteindre 95,2% du PIB cette année, puis 89,7% en 2025.
« Face à une dette élevée, le Congo doit conjuguer la nécessaire maîtrise des dépenses budgétaires et les politiques soutenant la croissance économique et la réduction de la pauvreté« , estime le rapport du FMI. Pour effectuer leur analyse, les experts du fonds ont rencontré à l’automne 2023 de nombreuses personnalités publiques et privées, dont le Premier ministre Anatole Collinet Makosso et Jean-Baptiste Ondaye, ministre de l’Économie et des Finances.
Prenant acte d’une gestion macro-économique « globalement satisfaisante », en dépit de « retards » en matière de réformes structurelles, le FMI a accordé un décaissement immédiat de 43 millions de dollars dans le cadre de la facilité élargie de crédit.