A 3,7 GWc, le continent africain a enregistré un nombre record de capacités photovoltaïques additionnelles en 2023. Quelques pays dominent largement ce marché dont le géant de l’Afrique Australe, suivi de très loin par le Burkina Faso et la Mauritanie. Les parcs en projets totalisent 192 GWc, dont la moitié pour la production d’hydrogène.
Dans le secteur de l’électricité photovoltaïque, l’Afrique a fait un bond en avant l’an dernier. Pas moins de 3745 MWc de capacités, un record, ont été installés, soit une hausse de 16% comparé à 2022. C’est ce qui ressort de l’étude annuelle publiée le 19 janvier dernier par l’association professionnelle AFSIA (Africa Solar Industry Association) dont le siège est à Kigali au Rwanda.
La progression de l’Afrique s’inscrit dans une tendance globale. En 2023, 350 GWc de capacités ont été installés dans le monde, soit une hausse de 46%. En dépit de sa progression, le continent n’a donc pesé en 2023 qu’environ 1% des nouvelles capacités mondiales.
En termes de taille, les investissements sur le continent africain demeurent, de plus, concentrés dans un petit nombre de pays, à commencer par l’Afrique du Sud qui écrase totalement le secteur. Dans la Nation Arc en ciel, 2 965 MWc ont été installés en 2023, selon l’AFSIA, soit environ 80% du total de l’ensemble du continent.
Hormis l’Afrique du Sud, le Top 5 des pays pour les nouvelles installations comprend aussi le Burkina Faso (92,3 MWc), la Mauritanie (84 MWc), le Kenya (69,5 MWc) et la République centrafricaine (40 MWc).
A noter que ces estimations de l’AFSIA ne prennent en compte que les installations des producteurs d’électricité pour le réseau et celles des entreprises pour leur compte propre ou des tiers et non celles des particuliers (marché résidentiel). Elles sont donc légèrement sous-évaluées.
Les cinq pays leaders en termes de nouvelles installations sont suivis de la Côte d’Ivoire (38,1MWc), l’Egypte (37,5 MWc) du Cameroun (36,4 MWc) du Mozambique (36,3 MWc) et du Nigeria (34,7 MWc).
Sous l’effet de ces programmes sud-africains, mais aussi d’importants investissements plus anciens au Maroc ou en Egypte, en cinq ans, la capacité africaine installée à presque quadruplé. Celle-ci a atteint 15,3 Gwc en 2023, selon l’AFSIA, soit à titre de comparaison à peu près autant que la capacité installée en France (15,8 GWc en 2023).
Parmi les tendances de fond pour la période actuelle figure le poids croissant du segment dit « Commercial & Industrial » (C&I), à savoir les installations privées des entreprises pour leur compte propre, par opposition aux parcs de grande taille connectés au réseau. Ainsi, 65% des nouvelles installations en Afrique relevaient en 2023 de ce segment C&I contre 52% en 2022, selon l’étude de l’AFSIA. Cela s’explique par trois facteurs. Le premier est dû à la faiblesse persistante des réseaux d’interconnexion dans un grand nombre de pays. Le second tient à l’adoption dans un nombre croissant de juridictions africaines de législations autorisant la production privée, à l’image du nouveau code de l’électricité de 2022 en Mauritanie. Le troisième facteur est lié à la volonté des entreprises de produire elles-mêmes leur électricité pour s’affranchir -dans une faible mesure- des systèmes publics peu performants comme en Afrique du Sud.
Au plan continental, la tendance pourrait en revanche connaître une inflexion notable ces prochaines années. La période récente a vu, en effet, se multiplier les gigantesques projets, souvent de plus de 1 GWc, initiés par des industriels, de grands opérateurs miniers ou des développeurs internationaux.
Sur un portefeuille de projets identifiés de 192,2 GWc au total pour l’ensemble de l’Afrique, l’AFSIA estime que 92,4% de ces capacités relèvent de ces parcs de grande taille avec comme moteur principal, l’hydrogène. En effet, la moitié des capacités potentiellement en développement, soit 95,65 GWc, a pour objectif la production d’hydrogène vert à grande échelle à l’image des innombrables projets annoncés en Afrique du Nord ou en Afrique Australe. A ce titre, quatre pays dont la Mauritanie largement en tête, suivie du Maroc, de l’Egypte, et plus modestement de la Namibie, cumulent presque 99% de ces mégaprojets associant photovoltaïque et hydrogène. A l’inverse, l’Afrique du Sud est, à ce stade, quasi absente de ce segment.