Tant les montants des capitaux levés que le nombre de transactions ont affiché une forte chute en 2023. L’Afrique francophone s’en tire plutôt mieux.
Une année qui commence plutôt mal… à l’image de la précédente. Ce mois de janvier 2024, les levées de fonds des start-ups africaines n’ont totalisé que 77 millions de dollars, soit le deuxième mois le plus bas depuis novembre 2020, selon les pointages de la plateforme spécialisée Africa The Big Deal fondée par Maxime Bayen et Max Cuvellier Giacomelli.
De fait, à l’image de la tendance mondiale, l’écosystème africain de la « tech » a connu une année 2023 bien morose. Les chiffres varient selon les méthodologies retenues, mais le constat est le même : les levées de fonds ont sévèrement plongé après le record historique de 2023. Selon Africa The Big Deal, les apports de capitaux ont chuté de 32% à 3,4 milliards de dollars, mettant fin à une décennie de croissance interrompue.
Le capital investisseur Partech Africa, qui publie chaque année une étude de référence dresse un constat identique. En 2023, selon Partec Afrique, les startups technologiques africaines ont levé, au total, 3,5 milliards de dollars de financement, capital et dette confondus, soit une forte baisse de 46%, répartis sur 547 transactions, un chiffre en recul de 28 % par rapport à 2022. Plus inquiétant, relève Partech « l‘écosystème africain a connu un retrait massif des investisseurs avec une diminution de 50% du nombre d’investisseurs actifs, passé en un an de 1 149 à 569 seulement« .
Si la tendance s’est inversée, un fait demeure immuable, quatre pays continuent de dominer l’investissement continental en capital-risque, à savoir l’Afrique du Sud, le Nigéria, l’Égypte et le Kenya. Ce quatuor a phagocyté 79% des levées de fonds en valeur l’an dernier et 68% du nombre d’opérations, selon Partech, non sans une certaine recomposition. Le Nigeria, qui avait connu ces dernières années quelques-unes des plus grosses opérations de la Tech notamment dans le paiement (Opay, Flutter Wave…), a cédé sa place de leader l’an dernier. L’Afrique du Sud l’a détrôné avec 83 deals pour 549 millions de dollars levés (-34%). L’Egypte et le Kenya figurent, quant à eux, en troisième et quatrième place derrière le Nigeria. Le Top 10 de Partech est complété dans l’ordre décroissant par le Maroc, le Ghana, le Congo, le Rwanda, la Tunisie et le Sénégal avec des levées de fonds s’étalant entre 93 et 27 millions de dollars.
Fait notable, l’Afrique francophone ne s’en tire pas mal. Partech pointe une très légère augmentation du nombre d’investisseurs et surtout une hausse de 16% du nombre d’opérations. Cette zone linguistique a capté 15 % des financements de toute l’Afrique en 2023, contre 11 % en 2022. Cette croissance s’explique « par la capacité des investisseurs locaux – de plus en plus présents dans l’écosystème – à aller au-delà des quatre marchés majeurs visibles par les investisseurs globaux. Ils voient les opportunités inexploitées dans les pays francophones« , estime Tidjane Deme, General Partner chez Partech.
Enfin, en termes de secteur, globalement, la tendance 2023 reste la même que celle des années passées : les « fintechs » continuent de dominer, suivies de l’énergie et du e-commerce. C’est ainsi dans le secteur financier que s’est opérée la plus grosse opération de l’année, dévoilée en février 2023. Il s’agissait, en Egypte, d’une levée de fonds de 400 millions de dollars conduite par MNT Halan, un opérateur de microfinance devenu d’un seul coup la deuxième licorne du Pays des Pharaons.
Quant à la deuxième la plus importante de toute l’Afrique, elle s’est déroulée au Kenya avec M-Kopa. Cette plateforme de microcrédit qui finance des smartphones ou des appareils solaires a réussi à lever, en mai 2023, plus de 250 millions de dollars de dettes et fonds propres. Qui pour succéder à ces champions cette année ?