Une adhésion globale… Tel est le résultat de la dernière mission d’étude conduite par le FMI au Bénin sur les équilibres et perspectives macroéconomiques du pays. Au plan de la croissance, le Bénin devrait voir son PIB bondir de 6% cette année, soit le même niveau qu’en 2023, puis de 5,9% en 2025, selon les projections du FMI.
Le FMI table, de plus, sur un niveau d’inflation relativement maîtrisé à 3% en 2024, puis 2 % l’an prochain, sous réserve de l’impact des hausses de prix de l’essence au Nigeria (largement importées en contrebande au Bénin).
Toutefois, la vigueur de l’économie béninoise reste soumise à des contraintes externes liées notamment à la situation de ses voisins.
Le pays présidé depuis 2016 par Patrice Talon bénéficie, pour rappel, d’un accord cadre d’appui macroéconomique avec l’institution de Washington dirigée par Kristalina Georgieva. Cet accord se traduit par deux dispositifs approuvés en juillet 2002 : un accord de Facilité élargie de financement (Extended Fund Facility – EFF) et une Facilité élargie de crédit (Extended Credit Facility – ECF) d’une durée de 42 mois pour un total plafonné à 650 millions de dollars. Ce à quoi vient juste de s’ajouter un nouveau programme au titre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD), centré sur les sujets climatiques.
C’est dans ce cadre bien établi que s’est déroulée en octobre 2023 la dernière mission des experts du FMI à Cotonou qui ont notamment rencontré le ministre de l’Economie Romuald Wadagni. Sur la base du rapport complet rédigé ensuite (publié après divers ajustements début janvier 2024), le FMI a approuvé un versement, pour un montant équivalent à 200 millions de dollars, dans le cadre de la Facilité pour la Résilience et la Durabilité.
Cette nouvelle facilité « soutiendra le programme des autorités visant à renforcer la résilience au changement climatique en intégrant les considérations climatiques dans l’élaboration des politiques, en atténuant les risques de transition grâce à une réforme globale des subventions aux carburants et en catalysant d’autres sources de financement climatique« , selon le FMI.
L’appui du FMI via la Facilité pour la Résilience et la Durabilité vient s’ajouter à un accès immédiat à 136 millions de dollars obtenu dans le cadre de la troisième revue des dispositifs EFF et ECF, revue pour laquelle le FMI a accordé un satisfécit aux autorités, notamment concernant l’évolution du déficit budgétaire, de la dette et des équilibres extérieurs. Le déficit fiscal devrait ainsi passer de 4,5% en 2023 à 3,7% cette année. Du côté de la dette publique (9,49 milliards de dollars à fin 2022, soit 54,2% du PIB) le service de la dette devrait coûter 1,03 milliard de dollars au Bénin cette année, un chiffre en forte baisse par comparaison à 2022 (1,5 milliard de dollars, alors). En matière d’équilibres extérieurs dans ce pays structurellement et fortement importateur, le déficit du compte courant (6,2 % du PIB en 2022) devrait se réduire légèrement à 5,8% en 2023, alors que les importations diminuent. De plus, selon les experts du FMI, « la hausse des prix du coton compense en partie la baisse des volumes de coton au milieu des chocs liés aux conditions météorologiques au cours de la campagne 2022/23« .
Le coton reste pour rappel le principal produit d’exportation du Bénin, avec 64,6% du total des exportations en 2002 pour une valeur d’environ 550 millions d’euros. Mais après un pic lors de la campagne 2021/2022, à 766 273 tonnes de coton graine, la récolte a chuté d’environ 20% lors de la campagne suivante, les perspectives pour la campagne en cours (2023/2024) étant du même ordre, à savoir autour de 550 000 tonnes. Dans ce contexte, la résilience de la croissance béninoise apparaît d’autant plus notable. A ce titre, la Banque africaine de développement qui vient, ce 16 février, de publier ses prévisions actualisées sur le continent est même un peu plus optimiste que le FMI. Elle prévoit 6,4% de croissance pour le Bénin cette année.