Initié en 2020, le programme de développement, déployé également en Ouganda ou au Zimbabwe, prévoit des achats de café et des dépenses en soutien aux communautés locales congolaises de 20 millions de dollars sur deux ans.
Les cafés d’origine de Nespresso s’enracinent en RD Congo. La filiale du géant suisse Nestlé vient d’annoncer, le 27 mars dernier, un nouveau programme de développement situé dans l’extrême Est du pays, non loin de la frontière rwandaise. La marque est, en effet, active depuis plusieurs années dans la région du lac Kivu dans une approche à la fois commerciale et d’investissement à impact, avec l’appui de divers partenaires et ONG. L’engagement, chiffré à 20 millions de dollars sur deux ans, couvrira « les achats de café, les primes de prix, l’assistance technique, les projets communautaires ainsi que le soutien pour aider les producteurs de café à accéder aux marchés mondiaux », selon le groupe. Nespresso, dont le PDG est le Français Guillaume Le Cunff, entend contribuer à lever 20 millions de dollars supplémentaires auprès de partenaires financiers et d’agences de développement pour soutenir les petits producteurs de café du Kivu.
La région fut un pôle important de production de café jusqu’au début des années quatre-vingt . Mais cette culture s’y est étiolée en raison des troubles et des conflits armés. À ce titre, cette zone fait actuellement l’objet d’un regain de tensions lié aux rebelles du M23. L’initiative de la marque suisse s’inscrit dans le cadre du programme Nespresso Reviving Origins, entré en phase active en 2019, qui vise « à restaurer la production de café dans les régions où elle est menacée », en Afrique (RD Congo, Zimbabwe, Ouganda…) mais aussi en Amérique latine (Cuba, Porto Rico, Colombie). Plus largement, elle s’intègre aussi dans le « Programme AAA pour une qualité durable » lancé en 2003 par Nespresso en coopération avec l’ONG RainForest Alliance et qui porte sur l’appui aux pratiques agronomiques de petits caféiculteurs à travers le monde. Une manière de rassurer les consommateurs de la marque sur les conditions de production.
Selon Guillaume Le Cunff, » Le Kivu a le potentiel pour figurer parmi les plus grandes régions de café au monde, mais a été confronté à des conditions extrêmement difficiles ces dernières années. Grâce à notre programme, nous travaillons en étroite collaboration avec les agriculteurs congolais (…) pour restaurer et revitaliser le Kivu en tant que (…) source de café Arabica exceptionnel de haute qualité. » En 2020, Nespresso avait ajouté les capsules Kahawa Ya Congo (« Espoir du Congo »), un café certifié bio issu de l’est de la RD Congo à sa liste des spécialités géographiques proposées aux fans de la marque.
Ce lancement commercial s’est accompagné d’un premier programme de soutien aux petits planteurs du Lac Kivu. Nespresso s’était notamment engagé à consacrer 1 million de francs suisses à l’appui des communautés locales, ceci à travers la création de 23 points d’accès à l’eau et six dispensaires (un primaire et cinq mobiles). Pour développer son action au Kivu, le géant suisse s’est entouré de plusieurs partenaires, dont l’Eastern Congo Initiative /Asili, une ONG d’origine américaine cofondée par l’acteur Ben Affleck et TechnoServe, autre ONG américaine centrée sur le développement par l’activité économique.
Le programme bénéficie en outre du soutien de l’USAID, du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Nespresso s’appuie, par ailleurs, pour les aspects financiers sur Clarmondial, une société de conseil financier aux investisseurs à impact basée à Zurich. Quant aux aspects logistiques et commerciaux, ils sont pris en charge par le négociant en café Virunga Coffee, une filiale du groupe singapourien Ofi (ex-Olam).
A noter que d’autres grandes marques internationales mettent en avant des programmes d’appui agronomique, en particulier en Afrique. Ceci à l’image de Starbuck qui s’est doté de trois centres « Farmer Support » sur le continent au Rwanda, en Ethiopie et en Tanzanie.