Tout nouvellement élu, Bassirou Diomaye Faye a pris officiellement la Présidence du Sénégal ce mardi 2 avril, lors d’une passation avec le Président Macky Sall qui avait fait deux mandats.
Il a juré devant la nation, rassemblée au Palais des Congrès de Diaminiadio, fidélité à la nation et de défendre « l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine ». Cet inspecteur des impôts de 44 ans est le plus jeune Président de la République élu depuis la création du Sénégal.
Son 1er décret a été de nommer Ousmane Sonko, son mentor et chef du parti qui avait été empêché de concourir à l’élection présidentielle puis emprisonné sous mandat d’inculpation dans plusieurs affaires, dont une pour viol. Relâché à la dernière minute par grâce présidentielle, il se trouve aujourd’hui en tandem avec celui qui l’a représenté aux élections.
Ousmane Sonko a été élu Maire de Zingachor en Casamance, son laboratoire d’action, ou il a essayé de mettre en œuvre son programme, axé principalement sur la fin de la corruption et des passe-droits. Arrêt de la spéculation sur les terrains fonciers, recouvrement de l’impôt, chasse aux faux salariés, encadrement des salaires et des primes. Sonko s’est transformé en « Monsieur Propre » et a voulu faire de sa ville un exemple pour la nation et pour son programme.
C’est d’ailleurs ce programme, mâtiné de promesse de redistribution des richesses qui a porté le PASTEF au pouvoir et qui a fait sa réputation dans tout le pays. Sonko a promis de nommer un gouvernement dans la journée de mercredi. A quoi s’attendre de la part de cette équipe peu expérimentée et qui fait trembler les caciques du pouvoir, qui se sont enrichis et qui ont bénéficié de largesses depuis des années ? C’est la question qui est sur toutes les lèvres, car la population attend des résultats, et ne souhaite pas pour autant qu’il casse un pays qui fonctionne et dont la croissance et la manne pétrolière devraient le porter dans les vingt prochaines années.
Il va falloir au gouvernement faire des concessions et choisir ses priorités. Comme tous les Présidents nouvellement élus il va avoir six mois pour rendre visible son action. La première interrogation porte sur l’Assemblée Nationale qui a été élue sous le précédent mandat et qui est du bord opposé. Elle ne va pas lui faciliter le travail, sauf dissolution rapide, ce qui semble probable, mais risqué, car l’implantation de son parti le Fastep dans toutes les régions sénégalaises n’est pas homogène, et beaucoup d’élus locaux vont se battre pour garder leurs prérogatives.
La préférence nationale est le 2ème leitmotiv de sa campagne électorale. A quoi s’attendre dans ce cadre pour les entreprises européennes et françaises? Nul ne le sait, mais il a d’ores et déjà annoncé vouloir renégocier les contrats gaziers et pétroliers. C’est probablement une utopie, car ces contrats ont prévu ces cas et les clauses de sorties seraient très pénalisantes pour l’Etat Sénégalais. Il ne faudrait pas qu’un air de revanche qui flotte dans l’air soit au détriment de l’économie réelle qui est aujourd’hui largement portée par les entreprises étrangères qui font fonctionner une grande partie des grandes entreprises, directement ou indirectement. On observera avec attention les premiers actes du gouvernement Sonko pour se faire une opinion.