L’accord de libre-échange entre Bruxelles et Nairobi signé fin décembre dernier devrait entrer en application cette année. Les 27 gardent toujours le projet de nouer un accord avec d’autres pays de la sous-région.
Des droits de douane nuls et une absence de quotas vers l’Europe… telle est la principale conséquence pour les entreprises kényanes du « deal » final signé le 18 décembre dernier à Nairobi sous l’égide d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission et du président William Ruto.
Pour les entreprises kényanes ou européennes, le détail des positions tarifaires est d’ores et déjà disponible dans les annexes 1 et 2 à l’accord qui totalisent 381 pages.
Pour la mise en application de l’accord, il faudra attendre encore un peu. Du côté de l’Union, si le projet connu sous l’acronyme EPA (Economic Partnership Agreement) a reçu l’assentiment du Conseil le 12 décembre 2023, le Parlement doit encore approuver le texte, ce qui devrait intervenir, sans difficultés particulières, ce premier semestre avant les élections européennes de juin prochain.
Le but de l’EPA est de libéraliser à long terme les échanges entre le Kenya et l’Union et d’accélérer le développement de la première puissance économique d’Afrique de l’Est vers laquelle les entreprises européennes exportent déjà pour plus de 2 milliards d’euros par an.
De son côté, le pays présidé par William Ruto ouvrira, très progressivement, son marché aux importations en provenance de l’Union européenne avec une réduction de 50% des droits de douane sur la plupart des produits dans dix ans et leur suppression totale dans quinze ans.
A ceci s’ajoutent des restrictions pour les exportateurs européens en termes d’accès au marché kényan ou la possibilité pour Nairobi d’activer des clauses de sauvegarde. Ces dispositions concernent les secteurs sensibles à la libéralisation comme l’agriculture ou certaines industries naissantes que les pouvoirs publics kényans craignent de voir déstabilisées.
Ce sont ces mêmes craintes qui font que les gouvernements des autres pays de la sous-région n’ont pas conclu d’accords similaires avec Bruxelles.
En effet, le projet avec le Kenya s’inscrivait initialement dans un cadre plus large, à savoir celui de la Communauté d’Afrique de l’Est (East African Community – EAC en anglais) qui outre le Kenya, regroupe le Burundi, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, la Tanzanie, la RDC et la Somalie, mais en 2016 les négociations, pourtant avancées, entre l’EAC et l’Europe ont échoué. Nairobi a choisi, ensuite, de faire cavalier seul.
Les autres pays de l’EAC sont encore loin d’être soumis au même « risque », mais la perspective d’un accord régional plus large reste entière côté européen. Le texte entre le Kenya et l’Union européenne est d’ailleurs rédigé de manière à pouvoir intégrer un ou plusieurs autres pays de l’EAC.A noter que les États-Unis et le Kenya ont, en 2020, conclu un projet d’accord de libre-échange sous les présidences de Donald Trump et Uhuru Kenyatta mais l’administration Biden n’y a pas donné suite. Elle a, par contre, engagé des négociations toujours activement en cours pour un traité dit U.S. – Kenya Strategic Trade and Investment Partnership (STIP) qui doit couvrir le commerce et l’investissement. Quant à l’accord européen, dans le cadre de la « nouvelle approche » des traités commerciaux européens, il intègre de nombreuses dispositions en matière de développement durable, de genre ou de droits des travailleurs.