Depuis la mi-novembre les Houthis multiplient les attaques contre les navires de commerce en mer Rouge faisant ainsi flamber les prix du transport maritime. Ces attaques, soutenues par l’Iran et revendiquées comme des réponses à la guerre menée par Israël à Gaza, perturbent les flux commerciaux entre l’Asie et l’Europe. Dans un récent rapport la CNUCED estime que les transits par le canal de Suez ont diminué de 42 % par rapport à leur apogée et les transits hebdomadaires de navires porte-conteneurs ont chuté de 67 %. La capacité de transport de conteneurs, les transits de navires-citernes et les transporteurs de gaz ont également connu des baisses significatives.
Les coûts d’expédition ont ainsi augmenté d’environ 400 %, selon les déclarations du commissaire européen, Paolo Gentiloni. Afin donc de protéger nos navires commerciaux en mer Rouge, l‘Union européenne a dernièrement annoncé le lancement de l’opération Aspides (du grec signifiant « bouclier »).
Les États-Unis avaient déjà mis en place, en décembre dernier, une force multinationale de protection maritime en mer Rouge appelée « Prosperity Guardian mais malgré les frappes répétées des américains et des anglais au Yémen les attaques houthies avaient quand même persisté. Les rebelles avaient même élargi leurs cibles pour inclure les navires liés aux États-Unis et au Royaume-Uni.
L’Union européenne a donc lancé la force navale EUNAVFOR Aspides, avec un budget de 8 millions d’euros pour une durée d’un an. Cette mission européenne, contrairement à l’américaine, se concentre sur des opérations défensives et n’envisage pas d’attaques contre les positions des Houthis au Yémen. La mission européenne est conforme au droit international et à la résolution 2272 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui prévoit le droit de défendre les navires contre de telles attaques. Cette force opérera dans une zone étendue comprenant le détroit de Bab el-Mandeb, le golfe d’Aden, le détroit d’Ormuz, la mer d’Arabie, le golfe d’Oman et le golfe Persique. Elle aura pour missions l’escorte des navires, la surveillance maritime et la protection contre les attaques. La Grèce a été désignée pour assurer le commandement de cette opération, avec un quartier général situé à Larissa. Plusieurs pays de l’UE, dont l’Allemagne, l’Italie, la Belgique et la France, y participeront également, à l’exception de l’Espagne, pour le moment.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a souligné l’importance de l’opération Aspides pour protéger les intérêts commerciaux et sécuritaires de l’UE et de la communauté internationale, tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé que l’Europe garantira la liberté de navigation dans la mer Rouge en collaboration avec ses partenaires internationaux.