A Dubaï, le président Ruto a noué des accords estimés à 4,5 milliards de dollars dans les énergies renouvelables et la production d’hydrogène et d’engrais azotés verts.
Les COP sont de grandes messes des négociations climatiques, mais aussi visiblement de bons endroits pour faire du business. Le président kényan William Ruto est, en effet, reparti les poches pleines de son passage à Dubaï, lors de la COP 28.
Le 2 décembre dernier à l’occasion d’une rencontre de plusieurs chefs d’Etat africains réunis pour lancer « l’Africa Green Industrialization Initiative », Nairobi a dévoilé ou confirmé une demi-douzaine de « deals » avec des investisseurs dans les énergies vertes et l’hydrogène, avec un fort accent sur la géothermie, ceci alors que le pays produit déjà plus de 90% de son électricité par des moyens bas carbones (géothermie, hydro, éolien…)
Le plus important de ces accords (dont la plupart étaient en germe avant la COP28) est un projet d’usine d’ammoniac vert et d’engrais développé par Fortescue Future Industries (FFI). Filiale du groupe minier australien Fortescue, FFI négocie depuis plusieurs mois avec le gouvernement kényan, la construction de cette usine intégrée s’appuyant sur une capacité de production électrique géothermique de 300 MW. Le site localisé à Naivasha sur l’important champ géothermique d’Olkaria, situé au nord de Nairobi, devrait produire à terme 1,7 million de tonnes d’hydrogène dont une part sera utilisée pour produire de l’ammoniac (procédé Haber-Bosch) et des engrais azotés. La décision finale d’investissement de FFI est attendue pour les mois prochains.
Le pays produit déjà près de la moitié de son électricité grâce à la géothermie avec près de 1 GW de capacité installée. Très ambitieux pour valoriser cette ressource dont le pays est richement doté, le président Ruto a listé à Dubaï trois autres partenariats dans ce domaine.
Le Kenya a ainsi confirmé le projet majeur associant sa compagnie publique Geothermal Development Company avec Pertamina Geothermal Energy, une filiale du groupe pétrolier national indonésien. Pertamina prévoit de construire, avec Masdar (holding dans les renouvelables d’Abu Dhabi) comme partenaire financier principal, une centrale électrique dans la région du Mont Suswa. D’un coût estimé à 1,2 milliard de dollars, celle-ci développera 200 MW.
A ceci, s’ajoute le projet Paka développé par le groupe émirati de renouvelables Amea Power, chiffré à 800 millions de dollars pour 200 MW. Enfin, le projet Menengai, dont les travaux ont en fait débuté en juin dernier, a également été pointé par William Ruto. Cette centrale géothermique de 35 MW pour 110 millions de dollars d’investissement est portée par le groupe énergétique panafricain Globeleq, contrôlé par BII, le fonds public britannique de développement. Là encore en partenariat avec la Geothermal Development Company du Kenya.
Hormis l’alimentation du réseau électrique ou les projets dans l’hydrogène, ces développements dans la géothermie doivent permettre au Kenya de constituer un écosystème s’appuyant sur cette électricité verte. C’est le sens du futur data center Ecocloud localisé sur le parc d’activité KenGen Green Energy Park à Olkaria qui sera à 100% alimenté par de l’électricité géothermique, une première en Afrique. La phase 1 de ce projet, dont les géants IBM, Intel, Microsoft ou Oracle sont partie prenante, développera 24 MW de capacité informatique. A terme, ce data center doit cumuler 600 millions de dollars d’investissement.
A la COP 28, William Ruto a, par ailleurs, annoncé la participation de son pays au programme américain Clean Energy Supply Chain (CESC) que vient de lancer le président Joe Biden. Celui-ci, qui associe aussi le Brésil ou l’Inde, prévoit 580 millions de dollars de financements de Washington pour le développement de chaînes de valeur dans les industries bas carbone. Dans le cadre de cette initiative CESC, le Kenya va bénéficier de 200 millions de dollars de prêts.
Enfin, dans un tout autre domaine, l’agriculture, William Ruto a confirmé à Dubaï un accord (encore au stade de MOU) entre l’investisseur United Green, un family office londonien, et la société publique Kenya Development Corporation. Celui-ci prévoit le développement d’un projet agricole intégré de 15 000 hectares dans la région Lake Basin. D’un coût estimé de 275 millions de dollars, celui-ci sera soutenu sous forme de garantie partielle de risque par les autorités britanniques.