La Commission européenne a publié en avril dernier, les chiffres de la campagne de commercialisation du blé. Selon les données récoltées, l’UE a exporté 26,4 millions de tonnes de blé cette année contre 23,8 millions de tonnes pour la campagne de 2022. Cinq pays, dont la France, représentent à eux seuls 65% du total des exportations mondiales de blé. Les plus grands producteurs sont dans l’ordre la Russie, les Etats-Unis, le Canada et l’Ukraine, mais la France dispose du meilleur rendement par Hectare en blé comparé à toutes les autres puissances productrices. Notre pays est le 1er producteur et exportateur européen de céréales et produit un quart des céréales de l’Union européenne, soit en moyenne de 65 à 70 millions de tonnes par an, dont près de la moitié est exportée. Un marché de 11,5 milliards d’euros en 2022. L’hexagone est donc indéniablement une puissance céréalière exportatrice sur un terrain d’importation où se confrontent de nombreuses puissances.
Parmi les plus grands consommateurs et importateurs, on retrouve les pays au Sud de la Méditerranée et d’Afrique, courtisés par plusieurs grands producteurs. Dans nombre de ces pays des émeutes de la faim, ou du pain, sont particulièrement craints par les gouvernements et l’accès au blé est parfois considéré comme à minima un élément clé de la stabilité interne du pays, voir par certains comme une arme de guerre.
La France est en cours de redéfinition de ses relations avec l’Afrique et doit faire face à la concurrence. La Turquie, particulièrement, a su se positionner subtilement pour devenir un acteur surprise du marché, en essayant de devenir incontournable dans la chaîne de valeur des céréales, mais aussi de renforcer son influence dans les pays africains. L’entrée par les céréales, lui permettra non seulement de renforcer ses industries et ses exportations, mais surtout de renforcer son influence auprès des gouvernements et des populations. La menace vient toujours aussi de l’Est. Face à ceux de Russie et d’Europe de l’Est, les blés français sont d’habitude trop chers pour trouver facilement preneurs, mais la guerre en Ukraine a joué en faveur des grains français sur le second semestre de 2022. Le port de La Rochelle a par exemple chargé 75 % des grains stockés, contre 60 % habituellement sur cette période. Légère compensation qui poussera FranceAgriMer à revoir tout de même en légère baisse son estimation des exports français de blé tendre sur la campagne de commercialisation 2022/23, en lien avec une demande moins importante que prévu côté Maroc et Pays-Bas.
Sur les 2,8 Md de tonnes de céréales produites dans le monde en 2021-2022, le blé arrive en tête avec 781 Mt. Une production mondiale qui ne cesse d’augmenter, répondant difficilement à l’augmentation tendancielle de la consommation.
L’hexagone demeure une terre céréalière avec une production reconnue en volume et en qualité. Son marché intérieur consomme, chaque année, environ la moitié de la production et le reste des grains récoltés est destiné à l’exportation. La France est ainsi le premier exportateur mondial de malt : 80% de sa production est exportée. La France exporte également 75% de sa production amidonnière. Nos orges (la France est le second producteur et importateur mondial) sont aussi très demandées, notamment par la Chine, dont les exigences qualitatives à l’importation sont telles que ses fournisseurs potentiels sont rares et que la France est très bien placée. Ceci fait des céréales et des produits céréaliers, le second poste de l’excèdent commercial agro-alimentaire de la France, derrière les vins et spiritueux.
Dernières tendances à être publiées, celle de la FAO concernant la production mondiale de céréales en 2023. Celles-ci ont été relevées de 5,9 millions de tonnes (0,2 pour cent) ce mois-ci par rapport au mois précédent, et s’établissent désormais à 2 819 millions de tonnes, soit une hausse de 1,1 pour cent en glissement annuel, atteignant ainsi un niveau inégalé.