En pleine crise agricole, l’enveloppe allouée par la Commission européenne reste inchangée par rapport à celle de l’an dernier à 185,9 millions d’euros. Ce budget s’inscrit, en effet, dans le cadre d’un programme pluriannuel 2021 – 2027 dit AGRIP. Le financement 2024 se partage entre les actions sur le marché intérieur et celles sur les pays tiers, à hauteur respectivement de 81,3 et 85,1 millions d’euros, selon un schéma validé en novembre dernier.
Comme à l’accoutumé, le budget dégagé par la Commission opère en co-financement. Il peut couvrir jusqu’à 80% du coût des actions collectives des interprofessions, d’associations de producteurs ou de certaines thématiques transversales (fruits et légumes et santé ou signes de qualité par exemple). Les campagnes peuvent être initiées au sein des professions d’un seul état membre (« Simple ») ou de plusieurs (« Multi »). La signature commune de ces actions est le slogan « Enjoy, it’s from Europe ».
Les actions subventionnées (63 en 2023) doivent en priorité s’inscrire dans le cadre de la politique agricole générale de l’Union européenne et notamment les plans « Green Deal » et « Farm to Fork », aujourd’hui décriés par une partie du monde agricole. A ce titre, précise la Commission; « les campagnes de promotion sélectionnées en 2024 devront présenter des produits issus de pratiques agricoles durables, qui contribuent à réduire la dépendance aux pesticides (…), à minimiser la fertilisation et la pollution de l’eau, à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à renforcer l’agriculture biologique et à améliorer le bien-être des animaux« . Ainsi un tiers de l’enveloppe générale (soit 62 millions d’euros) sera spécifiquement alloué aux denrées agroalimentaires « produites de manière durable », dont 42 millions d’euros pour les seuls produits bio.
Un budget de 9 millions d’euros est, par ailleurs, réservé aux propres actions de communication de la Commission, par exemple sur les signes de qualité ou encore les aides à la participation d’organismes aux salons professionnels.
Au plan géographique, hors de l’Union, les pays à fort potentiel de croissance particulièrement ciblés sont la Chine, le Japon, la Corée du Sud, Singapour et l’Amérique du Nord (Canada, Etats-Unis, Mexique).
L’accès à ces financements se fait à travers un système d‘appels à propositions qui sont, pour une part, déjà en ligne sur le portail des marchés SEDIA.
Pour aider les interprofessions et autres groupements de producteurs à accéder à ces programmes, les services de la Commission organisent comme les années précédentes deux journées d’informations à Bruxelles (retransmis en webdiffusion) ces 31 janvier et 1er février.
Cet évènement complète le guide méthodologique, mis à jour régulièrement et dont la dernière version date du 15 décembre 2023.
A noter qu’aux Etats-Unis, dans une approche comparable, des lignes budgétaires fédérales sont également dégagées pour soutenir l’exportation des produits américains (amandes, produits laitiers, coton, vin, céréales, viande, etc..). Pour l’année fiscale 2024, l’enveloppe mobilisée via le Département de l’agriculture (USDA) s’élève à 203 millions de dollars (programme MAP et FMD) en appui à 70 associations professionnelles.
Pour rappel, les échanges de produits agroalimentaires de l’Union européenne avec les pays tiers ont cumulé 401,5 milliards d’euros en 2022, dégageant un excédent commercial de 58 milliards d’euros. Au premier semestre 2023, l’excédent commercial européen s’est élevé à 32,9 milliards d’euros en hausse de 24%.