Le 60ème salon de l’agriculture se tient jusqu’à dimanche, Porte de Versailles à Paris. Parmi les structures présentes sur place, la Ferme Digitale estime que pour accompagner le modèle agricole français dans sa transition et redonner du pouvoir aux agriculteurs, l’innovation est un levier fédérateur. Son président, Jérôme Leroy, explique : « Le but est de préparer les 30 prochaines années avec les jeunes agriculteurs, mener la transition agricole avec l’aide de l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies tout en respectant l’environnement. »
Fondée en 2016, la Ferme Digitale réunit aujourd’hui 130 membres, acteurs dans plusieurs domaines liés à l’agriculture. L’association met en exergue les 3 000 emplois créés depuis huit ans par des jeunes pousses qui ont réussi à lever 1,5 milliard d’euros en faveur des nouveautés technologiques. L’ambition de la Ferme Digitale est de faire en sorte, d’ici à 2030, que chaque exploitant « sache utiliser en routine sur sa ferme au moins cinq innovations, sans que ces innovations génèrent le moindre surcoût ».
Aujourd’hui déjà, certains agriculteurs s’appuient sur des technologies naturelles pour nourrir la terre, mais aussi des drones, des solutions numériques pour acheter et vendre au meilleur moment, en fonction de l’évolution des cours ou bien des sondes météo. « Plus de 80 % des nouvelles installations de traite des vaches laitières font appel à la robotisation pour perdre en pénibilité et gagner du temps. » A la fois source d’enjeux économiques et environnementaux, l’innovation est au cœur des profonds changements que vit actuellement l’agriculture française. « La Ferme Digitale veut que le monde agricole se saisisse de ces innovations, pour une agriculture performante, durable et citoyenne« .
Pour développer la filière d’innovation dans la sphère agricole, plusieurs autres initiatives ont émergé au cours de ces dernières années, Lancé en 2022 à l’initiative de Bpifrance, AgriLife Studio s’est fixé pour objectif de propulser des startups répondant aux enjeux de l’agriculture de demain et de l’alimentation saine et durable. Avec 25 millions d’euros récemment collectés, AgriLife Studio entend monter en puissance pour créer une dizaine de startups au cours des sept prochaines années. Plus récemment, le campus agricole Hectar, initié par Xavier Niel, s’est associé avec Technofounders pour créer le startup studio Nest, qui a l’ambition de lancer les 15 prochains champions européens dans le domaine de l’Agritech sur huit ans.
Via son programme French AgriTech, le ministère de l’Agriculture a bien intégré que l’utilisation des nouvelles technologies par les agriculteurs doit surmonter de nombreux défis : Les revenus sont souvent insuffisants pour pouvoir investir et innover, l’innovation doit pouvoir allier performances et respect de l’environnement… Le ministère a donc engagé 2,5 milliards d’euros d’argent public – d’ici à 2030 – dans l’accompagnement de ceux qui innovent avec un objectif clé : tenter de gommer le différentiel du coût du travail agricole entre la France et ses principaux compétiteurs européens. L’Agritech français, qui compte déjà plus de 600 startups est considéré comme le cinquième écosystème mondial du secteur. Il faudra donc désormais compter sur l’ensemble de ces structures tricolores pour créer encore davantage d’émulation dans l’écosystème européen, et tenter de réduire l’écart avec les Américains ou les Chinois qui nous surpassent largement au niveau de leurs investissements technologiques dans le monde agricole.