Le mois dernier, « Techtera » a renouvelé son label « pôle de compétitivité » attribué par l’état, en coordination avec les Régions. Cette labellisation atteste du rôle moteur de Techtera à insuffler une dynamique d’innovation à la filière textile. Le pôle a réussi à construire entre les industriels de la filière, acteurs privés et acteurs publics, un écosystème dont la taille et les actions sont en constante progression.
Julie Rafton-Jolivet, directrice du développement des entreprises à l’international chez Techtera s’en félicite.
« Techtera est le pôle de compétitivité dédié à la filière textile française, basé à Lyon et créée en 2005. Il compte plus de 260 adhérents qui représentent l’ensemble de la chaîne de valeur textile. Le cœur de métier repose sur l’émergence et l’accompagnement de projets de R&D et d’innovation collaborative.»
Pour Julie, ce label est un réel tremplin. « Depuis 2005, Techtera ce sont près de 260 projets de R&D qui ont été financés via l’action du pôle, avec des degrés d’intervention selon les projets, mais en tout cas à minima sur des projets qui ont été labellisés Techtera. Ce label atteste d’un gage de qualité des projets R&D présentés aux financeurs. C’est un véritable levier vis-à-vis des financeurs publics pour pouvoir bénéficier d’un soutien via ce label Techthera.»
De nos jours, la filière textile se porte plutôt bien, le pôle en est la preuve, mais il est surtout présent sur certains marchés du secteur. «Techtera est présent sur de nombreux marchés, notamment sur le marché EPI (Équipement de protection Individuelle), du médicale, sport, défense/sécurité, bâtiment/infrastructures, transport/automobile, habillement, mode et ameublement. Il y a un bel engouement de l’industrie textile sur les différentes actions que l’on mène à l’international, spécifiquement sur la partie technique. On voit que les industriels sont dans une démarche très dynamique, soit de découverte, soit de développement de nouveaux marchés à l’international.»
À l’export, le pôle de compétitivité dédié à la filière textile française possède trois modes d’actions :
- Initier et porter des actions en vue d’accroître la compétitivité des entreprises par la Recherche et l’Innovation
- Accompagner la croissance des entreprises par le développement économique
- Soutenir les initiatives de développement des compétences et formation.
« Nous sommes très présent sur les salons phares de l’industrie tel que « Techtextil« , « A+A« , « JEC« . Le pôle accompagne les entreprises sur place, nous avons un soutien de la Région AURA, pour les entreprises régionales, même si notre action va au-delà, au niveau international par exemple».
La directrice précise que même si Techtera est bien présent à l’international, une très grosse part de l’activité se tourne aussi vers les projets européens. « Nous allons chercher des financements à l’Europe en vue de soutenir la filière, en lien avec les axes technologiques du pôle (économie circulaire, digitalisation, matériaux avancés). Nous soutenons également l’internationalisation de la filière via différentes missions que nous organisons dans le cadre de projets européens qui nous permettent d’accompagner les industriels sur des missions grands export. On emmène des délégations allant jusqu’à une douzaine d’entreprises. Par exemple, nous sommes coordinateurs d’un projet qui s’appelle « Eu-alliance« , qui vise à soutenir l’internationalisation des PME qui travaillent notamment dans le textile, sur le marché de la sécurité et de la défense, ou encore un projet sur les composites à base de matière recyclée.»
Ces missions permettent aux entreprises d’avoir en quelques jours une bonne vision et compréhension du marché, de rencontrer des personnes clés par rapport à leurs activités et d’obtenir des premiers contacts.
«Depuis une dizaine d’années, nous avons aussi un accord majeur avec le Japon, nous avons signé un mémorandum de coopération, dans lequel se trouve la DGE, son homologue japonais et tout un réseau d’acteurs dans le textile. Grâce à ça, nous avons cette relation privilégiée avec des acteurs japonais de la filière textile et le Japon (accueil de délégation, rencontres BtoB)».
Parmi les entreprises que Techtera a aidé à se développer, nombreuses sont celles qui ont rencontré des problèmes sur le marché à l’export. « Généralement, lors d’une mission grand export, on cible des marchés ou des pays qui sont plutôt difficiles d’accès. Les entreprises font donc face à de nombreux obstacles. Il faut que les entreprises comprennent qu’il y a une certaine patience à avoir parce qu’on ne peut pas signer des contrats en rentrant d’une semaine de déplacement. Il faut réussir à intégrer les bons réseaux.»
Le Japon est l’un des pays où il est nécessaire de bien comprendre les principes fondamentaux de la culture des affaires afin d’appréhender le marché. « Il y a un gap culturel énorme. Mais dans tous les pays, il faut une adaptation pour comprendre la façon de vivre des personnes en face, comprendre le marché».
Pour Julie, le plus important, si une entreprise veut se lancer sur des marchés internationaux, il faut oser se déplacer. « On a tous des aprioris sur certains marchés que l’on cible, mais je pense que ce qui est intéressant et c’est ce que je retrouve dans les profils des dirigeants que nous accompagnons, ce sont des gens qui aiment pouvoir voir par eux-mêmes. ll est difficile de percevoir comment le marché s’organise concrètement depuis son bureau, quelles sont les opportunités, comment procéder ? Les entreprises qui se développent le plus sont des entreprises qui sortent et qui vont voir par eux-mêmes pour tester et présenter leurs produits. Investir son argent dans un pays où l’on n’est pas sûr d’avoir des possibilités, c’est assez risqué. De plus, il est important de cibler et arriver à identifier les bons réseaux, être investi et savoir qu’il va falloir donner de son temps et montrer son envie de se développer ».
Pour la suite, Techtera a de nombreux projets. « Suite au renouvellement de son label « pôle de compétitivité , Techtera a maintenant pour objectif de déployer sa feuille de route en lien avec les axes fixés : économie circulaire, digitalisation, matériaux avancés. Cette feuille de route sera déployée au niveaux régional, national et international, avec une action toujours plus forte à l’Europe. L’objectif est donc de déployer cette feuille et de travailler sur la manière dont nous allons accompagner les acteurs de la filière textile pour tout ce qui est transition digitale et circulaire, procédés durables, matériaux biosourcés, technologies de recyclage des déchets textiles… Cette feuille de route va être déployée à l’échelle nationale, locale, internationale. Nous souhaitons aussi être encore plus présents en Europe sur la partie R&D, car nous avons de nombreuses demandes. »