Bien que le commerce mondial ait atteint le chiffre record de 32.000 milliards de dollars l’année dernière, selon le dernier rapport de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la croissance économique mondiale devrait maintenant ralentir, passant de 3% en 2022 à 2,4% en 2023, puis 2,5% l’année prochaine.
Dans cette étude sur le commerce et le développement, publiée il y a quelques jours, la CNUCED met en garde contre une économie mondiale au point mort, avec une croissance ralentissant dans la plupart des régions par rapport à l’année dernière avec seuls quelques rares pays faisant exception. À l’échelle mondiale, la reprise post Covid a ainsi pris des directions divergentes. Alors que certaines économies, dont les États-Unis, le Japon, la Chine, le Brésil, le Mexique, l’Inde et la Russie, ont fait preuve de résilience en 2023, d’autres sont confrontées à des défis plus redoutables. C’est le cas de l’Europe, qui est « au bord de la récession ». Confrontée à un resserrement rapide de la politique monétaire et à de forts vents contraires, les principales économies européennes ralentissent et selon la CNUCED, « l’Allemagne se contracte déjà ». En Asie, la Chine, bien qu’elle montre des signes de reprise par rapport à l’année dernière, est, elle, confrontée à la faiblesse de la demande intérieure des consommateurs et de l’investissement privé. Les pays en développement sont touchés de manière disproportionnée. « Cet écart croissant entre les richesses menace de compromettre la fragile reprise économique et les aspirations des nations à atteindre les objectifs de développement durable. », prévient le rapport.
L’agence onusienne appelle donc à un changement d’orientation politique, y compris de la part des principales banques centrales, et à l’accompagnement des réformes institutionnelles promises lors de la crise du COVID-19 afin d’éviter une décennie perdue. Elle préconise des réformes institutionnelles de l’architecture financière mondiale, des politiques plus pragmatiques pour lutter contre l’inflation, les inégalités et la dette souveraine, ainsi qu’une surveillance plus forte des marchés clés. La CNUCED appelle à des marchés plus transparents et réglementés pour un système commercial mondial plus équitable. « La réglementation doit s’attaquer aux asymétries croissantes du système commercial et financier international », a souligné la secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan.
Les auteurs du rapport notent que l’économie mondiale est à la croisée des chemins, où des trajectoires de croissance divergentes, des inégalités croissantes, une concentration de plus en plus forte des marchés et un fardeau de la dette de plus en plus lourd projettent une ombre sur son avenir.