Une légère augmentation qui n’efface pas les stigmates de 2022… A l’échelle du globe, les investissements directs étrangers (IDE) ont progressé de 3% l’an dernier à 1 370 milliards de dollars, mais hormis dans l’Union européenne et en Amérique centrale, les flux ont stagné ou reculé presque partout dans le monde.
Ces données, encore préliminaires, sont tirées de la publication périodique « Global Investment Trends Monitor » dévoilée par la CNUCED (Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement) le 17 janvier dernier.
Après la forte reprise post-covid de 2021 (+77%), les IDE avaient, pour rappel, replongé en 2022 (-12%) sous l’effet des désordres mondiaux (guerre en Ukraine, tensions Etats-Unis/Chine…). L’année 2023 apparaît donc comme un exercice de consolidation sur fonds de stagnation du commerce international (+0,2%, selon la Banque mondiale) et de faiblesse de la croissance (+2,6% de même source).
L’évolution des IDE en 2023 a toutefois « défié » les prévisions négatives, se félicite la Cnuced. L’Institution estime même qu’une « augmentation modeste des flux d’IDE en 2024 » reste possible, citant comme facteurs positifs la stabilisation de l’inflation et la baisse des coûts d’emprunt sur les principales zones économiques du monde.
En attendant, le petit regain de croissance des IDE en 2023 s’explique quasi exclusivement par un renversement de tendance dans l’Union européenne. Les 27 avaient vu leur flux d’IDE devenir négatifs en 2022 (-151 milliards de dollars) sous l’effet notamment d’importants désinvestissements de portefeuille au Luxembourg. Cette tendance s’est inversée l’an dernier (140 milliards de dollars de flux entrants) notamment dans le Grand Duché ainsi qu’aux Pays-Bas, deux États qui servent souvent d’intermédiaires pour les IDE destinés à d’autres pays. Hors ces deux économies relais, les IDE ont plongé de 18% dans le monde en 2023 et de 23% dans l’Union européenne. Les pays en développement sont un peu moins affectés, avec une chute de 9% à 841 milliards de dollars, compte tenu notamment d’une stagnation en Afrique (48 milliards de dollars).
Premier pays d’accueil des IDE mondiaux, les Etats-Unis ont, pour leur part, vu les flux entrants reculer de 3%, estime la Cnuced (qui ne publie pas encore de chiffre en valeur absolue). De même, compte tenu du contexte géopolitique, la Chine a nettement perdu de son attractivité, comme l’indique une baisse de 6% des flux entrants en 2023. Pour rappel, selon les données de l’administration chinoise de l’automne dernier, au troisième trimestre 2023 pour la première fois depuis près de trente ans, les flux d’IDE sont devenus négatifs dans l’ex-Empire du Milieu, illustrant la méfiance des investisseurs internationaux pour le pays présidé par Xi Jinping.
Parmi, les données marquantes livrées par le document de la Cnuced, figure également la chute de 16% des IDE vers l’Asie du sud-est, à 192 milliards de dollars, ainsi que celle -spectaculaire- de 43% vers l’Asie du Sud (Inde pour l’essentiel) à 33 milliards de dollars.
Dans un autre registre, la publication de la Cnuced pointe les lancements de projets d’investissement de grande taille à l’échelle mondiale. Elle relève, sur ce point, une baisse de 6% en 2023 des investissements nouveaux (« greenfield ») à 16 944 projets, un chiffre toutefois supérieur aux projets identifiés en 2021 (15 476).
En termes de tendance sectorielle sur 2023, la Cnuced relève une augmentation de 16% des projets dans les industries relevant des chaînes de valeur mondiale, en particulier dans l’automobile, le textile, les machines et l’électronique. A l’inverse, le nombre de projets identifiés dans les semi-conducteurs recule de 10 % (après une forte croissance en 2022) et ceux dans les infrastructures de 4%, en raison notamment d’une chute des financements de projets dans les énergies renouvelables.
Globalement le nombre de grands « deals » identifiés dans ce domaine du financement de projets, tous secteurs confondus, s’élève à 2 207, selon le pointage de la Cnuced, soit une chute de 21%. La même tendance est à l’œuvre en matière d’opérations internationales de fusion-acquisition (M&A). Celles-ci reculent de 16% en volume (402 opérations) et surtout de 43% en valeur à 402 milliards de dollars.
Tous ces chiffres seront, pour rappel, ajustés dans les documents ultérieurs de la Cnuced, notamment son rapport annuel de référence sur le sujet publié en milieu d’année. De plus, ils doivent, comme toujours, être comparés avec prudence à ceux d’autres institutions (OCDE, Banque mondiale…) du fait de différences de méthodologie.