Selon la dernière étude de Euler Hermes, groupe Allianz, la croissance mondiale devrait bien se porter en 2022 avec une prévision selon eux à 5,4%. Ce bon chiffre n’est pas sans cacher des inégalités et l’Europe risque d’être plus handicapée que les autres pays de l’OCDE.
Pour les économistes d’Euler Hermes, le goulot d’étranglement de la production mondiale devrait se normaliser progressivement en 2022 et plusieurs facteurs s’accordent pour produire une croissance soutenue sur 2022 et 2023.
La demande des consommateurs va engendrer de la croissance
La demande des consommateurs devrait continuer à être à un très haut niveau et ce jusqu’à fin 2023. L’excès d’épargne créé pendant la crise ne sera probablement pas épuisé d’ici 2023 et les goulots d’étranglement de la chaîne logistique devraient avoir disparus courant 2022. Euler estime que l’excès d’épargne des ménages devrait participer à la croissance en France à hauteur de 0,9% en 2022 et de 0,5% en 2023.
Pour les entreprises, les incitations fiscales en réaction au Covid-19 auront encore des effets pendant les deux prochaines années. Elles ont pour effet de soutenir elles aussi la demande plutôt que l’offre. « Dans les économies avancées les gouvernements ont déployé un soutien monétaire équivalent à environ 25 % du PIB. Bien que ce soutien soit progressivement supprimées, les politiques fiscales resteront très accommodantes aux États-Unis, dans la zone euro et en Chine. »
Après le déstockage – et dont le pic a été pendant la crise du Covid-19 -, les fabricants ont dû rapidement réapprovisionner afin de faire face au rebond sans précédent de la demande des économies avancées. La pénurie d’intrants a été particulièrement élevée en Europe en 2021, et dans une moindre mesure en Amérique du Nord. « La bonne nouvelle, c’est que l’urgence du réapprovisionnement est derrière nous et le niveau des stocks est déjà au-dessus des moyennes à long terme d’avant la crise. » note le rapport.
Parmi les secteurs, l’électronique, l’informatique et les télécoms et les secteurs de l’équipement de la maison ont pu considérablement augmenter leurs stocks fin 2021, malgré des pénuries de semi-conducteurs.
Normalisation progressive de la logistique
Les congestions d’expédition devraient être moins aiguës en 2022 car les capacités de transport vont être en croissance, mais ne devraient toutefois pas être résolues. Les commandes mondiales de nouveaux porte-conteneurs ont atteint des records au cours des derniers mois, s’élevant à 6,4 % de la flotte existante. D’un autre coté des investissements massifs ont été réalisés dans les infrastructures portuaires comme aux États-Unis qui dépenseront 17 milliards de dollars en 2022 pour la modernisation de leurs infrastructures.
« A court terme, nous nous attendons à ce que les frais d’expédition diminuent progressivement par rapport au T4 2021, en ligne avec le marché à terme pour le transport maritime. Le point culminant qui a été atteint en septembre 2021 avec des niveaux six à sept fois plus élevés qu’avant la crise du Covid-19. Cependant, ils resteront à des niveaux élevés en 2022, car les nouveaux navires ne devraient devenir opérationnels que vers la fin 2022. Nous estimons que 4% du commerce mondial est actuellement bloqué en raison des contraintes logistiques. »
L’Europe à la peine
Stimuler la demande en Europe sans résoudre les problèmes d’approvisionnement ne peut qu’être inflationniste. L’Europe est plus à risque par rapport aux États-Unis avec une plus forte dépendance aux importations de biens de l’étranger. La normalisation des goulots d’étranglement en Europe pourrait être reportée au-delà de 2022 si la demande intérieure reste forte, scénario privilégié par Euler .
L’équipement des ménages, l’électronique, l’automobile, les secteurs de l’équipement sont les plus vulnérables à des pénuries d’intrants.
La Chine est également un risque baissier pour l’UE : Euler estime qu’une baisse de 10 % des importations chinoises en UE pourraient avoir un impact de -6% sur la filière métal, de -3% sur le secteur automobile et plus de -1% sur l’électronique. Cela nous permet de comprendre les liens entre les secteurs et pays. Pour illustrer, nous examinons le cas du cuivre. La Chine et le Chili sont deux partenaires importants : la Chine représente environ 30 % des importations des fonderies dans l’UE et le Chili compte pour environ 10 %.
Dans tous les cas et tous les scénarios, le changement des habitudes de consommations pour des biens plus durables et plus responsables va impacter très fortement l’industrie et les filières, de la capacité d’adaptation des « vieilles industries » et de la capacité de notre système à faire naitre les nouvelles impactera fortement les tendances de 2023.