Routes, énergies, réseaux de bus électriques, parcs éoliens, hydrogène… tel est le vaste programme de PPP chilien d’ici à 2025 présenté à Pékin mi-octobre aux investisseurs chinois par Jessica López, ministre des Travaux publics à l’occasion de la participation du président chilien Gabriel Boric au forum mondial des nouvelles routes de la soie sous la houlette de Xi Jinping.
Ce programme de PPP illustre une inflexion marquée dans la politique économique du Chili depuis ces derniers mois ou plutôt un retour à la situation antérieure dans ce pays connu pour son cadre des affaires très favorable aux investisseurs internationaux.
L’accession le 11 mars 2022 à la présidence du pays de Gabriel Boric, un leader syndical étudiant très marqué à gauche, avait mis sur pause l’ensemble des grands programmes de concessions reposant sur le secteur privé. Depuis, après une succession de graves échecs électoraux et politiques, dont le rejet massif du projet de constitution le 4 septembre dernier, le président Boric et son gouvernement ont quelque peu recentré la stratégie économique du pays peuplé de 20 millions d’habitants et renoué avec une vieille tradition. Depuis 1993, date du premier contrat de concession (un tunnel à Valparaiso), la nation andine a, en effet, mené des dizaines de PPP de grande ampleur, à l’image de celui de l’aéroport Arturo Merino Benítez de Santiago du Chili emporté, en 2015, par ADP et Vinci (avec Astaldi Concessioni), des groupes français qui viennent d’y conduire une extension majeure chiffrée à 860 millions d’euros.
Le cumul de ces projets public-privé (aéroport, hôpitaux, routes, prisons…) déjà développés atteint, selon le service des concessions du ministère des Travaux publics, le nombre de 77 auxquels ont participé des entreprises de 16 pays, dont la France, pour un total d’investissement 25,7 milliards de dollars.
C’est dans ce contexte que début juillet dernier a donc été lancé l’appel d’offres du premier PPP du mandat de Gabriel Boric, un projet routier. C’est qu’à côté de certains programmes sociaux chers au locataire du Palais de La Moneda, le Chili entend relancer l’investissement privé pour soutenir la croissance. L’économie chilienne reculera de 0.5% cette année selon le FMI avant de voir le PIB (310 milliards de dollars) se redresser très modérément à +1,6% en 2024.
Dans le domaine des infrastructures, selon le ministère des Travaux publics, sur la période 2023 – 2027, 46 projets seront offerts à appel d’offres international, présentant un cumul d’investissements à réaliser de 15 milliards de dollars. Dans le détail, vingt-cinq projets se situent dans le domaine de l’aménagement urbain et des transports publics, quinze dans les routes, quatre dans les aéroports et deux dans le secteur de l’eau.
A côté des PPP dans un domaine économique majeur du pays, à savoir le lithium, dont le Chili dispose des premières réserves mondiales, le président chilien est, à l’inverse, décidé à voir l’État jouer un plus grand rôle. Le 21 avril dernier, Gabriel Boric a annoncé sa stratégie en ce domaine. Les projets dans le lithium, sur lesquels de nombreux acteurs internationaux, dont les groupes chinois, ont des visées, seront soumis à une règle stricte : l’Etat devra désormais être au moins majoritaire dans les sociétés d’exploitation minière. Pour cela, le pays va créer une compagnie publique du lithium. En la matière, l’Etat chilien a une longue expérience : Codelco, le premier producteur mondial de cuivre, est toujours resté une entreprise 100% publique quelles qu’aient été les alternances politiques.
Cette nouvelle politique sur le lithium ne vaut toutefois que pour les projets majeurs, du type de celles du désert d’Atacama, l’exploitation des ressources de dimensions plus modestes pourra toujours être majoritairement conduite par des intérêts privés.
A noter que dans le cadre de l’accord de libre-échange Union européenne – Chili, signé de façon définitive le 9 décembre 2022, hormis la suppression de 99,9% des droits de douane, il est prévu une égalité de traitement entre les investisseurs européens et chiliens, notamment dans le domaine des ressources naturelles et de l’énergie. L’accord prévoit aussi un accès aux marchés publics chiliens plus facile dans le domaine des concessions, de même que dans celui du marché des services (télécom, transport maritime services financiers…).
Selon Bercy, 280 entreprises françaises sont déjà présentes au Chili (Edf, Engie, Vinci, Schneider, Sodexo, TotalEnergies, Séché, Legrand, BNP Paribas, JCDecaux…) et leur stock d’investissements y approche les 2 milliards d’euros. Combien demain ?
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