Les exportations européennes couvertes par des accords de libre échange ont atteint, en 2021, un niveau record de 1049 milliards d’euros. Ce chiffre représente une augmentation de +11,6%, légèrement inférieure toutefois à la progression globale de nos exportations l’an dernier (+12.6%). C’est ce qui ressort du « Rapport de la Commission sur la mise en œuvre et l’application des accords commerciaux de l’UE », un texte de 60 pages disponible en ligneCe document annuel, le deuxième du genre, est destiné au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions. Il est une réponse indirecte aux critiques récurrentes de certains États membres, dont la France, ou de groupes politiques au Parlement sur l’absence de mesures d’impact à posteriori sur la politique commerciale conduite par l’exécutif européen. A ce titre figurent, on le sait, les polémiques toujours vivaces sur le CETA, l’accord avec le Canada entré en vigueur en 2017. Autre exemple, le blocage par certains Etats membres (dont la France) des négociations pour un accord de libre-échange avec le Mercosur, une discussion au point mort mais sur laquelle, l’Europe reste « pleinement engagée » a, pourtant, affirmé, le Haut représentant pour la politique extérieure, Josep Borrell, fin octobre.Le rapport estime que 44 % des échanges de l’UE se sont effectués en 2021 dans le cadre de 42 accords commerciaux préférentiels impliquant 74 pays. Ce chiffre devrait atteindre 47,4 % après l’intégration des accords en cours d’adoption ou de ratification selon la Commission européenne qui estime que les accords de libre échanges (ALE) conclus par l’UE « se traduisent par une augmentation des exportations, des relations économiques plus stables et un accès sûr aux ressources » avec un effet favorable aux PME.
Selon la Commission, entre 2021, les exportations des 27 vers leurs seuls partenaires préférentiels (à l’exclusion du Royaume-Uni) ont augmenté davantage (+16 %) que les exportations vers l’ensemble de nos partenaires commerciaux (+13 %). Ceci étant, en valeur absolue 22,8% des échanges européens sous régime préférentiel sont effectués avec le Royaume-Uni, 14,8% avec la Suisse, 8,3% avec la Turquie et 6,9% avec la Norvège, soit plus de 52% pour ces seuls quatre pays très proches.
Le Letton Valdis Dombrovskis (photo), vice-président exécutif et Commissaire au commerce s’est, sans surprise, félicité du constat général. Selon lui, « dans le contexte des nombreux défis économiques et géostratégiques auxquels l’Europe fait face (…), la stratégie commerciale de l’UE porte ses fruits (…). Notre priorité va désormais à l’élargissement du vaste réseau d’accords commerciaux de l’UE, qui (…) garantit un accès privilégié à des marchés clés pour nos exportations ainsi que l’accès à des intrants et des matières premières essentielles par l’intermédiaire de chaînes d’approvisionnement diversifiées et résiliantes ».
A ce titre, la Commission estime notamment que 24 % de nos matières premières critiques proviennent de partenaires commerciaux préférentiels, chiffre qui « pourrait atteindre 46 % lorsque l’accord de libre-échange avec l’Australie, en cours de négociation, sera en place ». De même, « la modernisation de l’accord avec le Chili, principale source de lithium raffiné pour l’UE (78 %), devrait encore renforcer la fiabilité de l’approvisionnement lié à cette ressource essentielle et, partant, favoriser la double transition écologique et numérique », selon la Commission.
La rapport rapporte aussi la levée en 2021 d’un « plus grand nombre d’obstacles à l’accès au marché ». Selon le document, 39 obstacles au commerce (contre 33 en 2020) ont été totalement ou partiellement levés, l’an dernier, « principalement grâce à un engagement en faveur de la coopération de la part des partenaires commerciaux concernés ».
A ce titre sont, par exemple, cités l’acceptation par le Canada d’un certificat harmonisé de l’UE pour la viande de volaille ou encore la reprise partielle des exportations de porc et volaille vers la Corée du Sud, suite à un meilleur suivi régional des foyers de peste porcine africaine au sein des 27. Le rapport cite encore des progrès « substantiels » dans la levée des barrières tarifaires de l’Égypte envers les voitures européennes ou encore les avancées pour la levée des barrières non-tarifaires turques sur les produits cosmétiques européens.