Faisant suite à 5 ans de négociations, l’accord, très étendu permet un plus large accès réciproque aux marchés des biens et services. Il intègre d’importants volets sociaux et environnementaux, selon la nouvelle stratégie commerciale des 27 et doit aider à sécuriser nos approvisionnements en matières premières critiques.
Un accès au marché pour 99,9 % des produits, sans droits de douane, telle est la promesse du nouvel accord commercial entre l’Union européenne et le Chili sur fond de bataille mondiale pour l’accès aux ressources minérales dont le Chili est gros producteur.
Engagées en 2017, les discussions entre la Commission européenne et la quatrième économie d’Amérique du sud, peuplée de 20 millions d’habitants, ont été conclues le 9 décembre dernier, à l’occasion d’une rencontre à Bruxelles entre le commissaire chargé du Commerce, Valdis Dombrovskis, le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères Josep Borrell, et la ministre chilienne des Affaires étrangères, Antonia Urrejola (photo).
L’ « accord-cadre avancé » réformera, après ratifications réciproques, les dispositions existantes qui datent du précédent accord datant de 2002. Il inclut de nombreuses dispositions nouvelles sur l’environnement, le droit du travail, ou le genre, dans la ligne des accords commerciaux « nouvelle approche » désormais privilégiée par l’Union européenne et déjà mise en pratique avec l’accord conclu avec la Nouvelle-Zélande en juillet dernier.
Selon la Commission européenne, le gain annuel en termes d’exportations européennes vers le Chili pourrait atteindre 4,5 milliards d’euros, alors que nos échanges sont déjà largement excédentaires. En 2021, les exportations européennes ont atteint 10 milliards d’euros et les importations 6,9 milliards d’euros, ce qui fait du bloc européen le troisième partenaire commercial du pays andin (10%) derrière la Chine (39%) et les Etats-Unis (15%)
Le Chili, dont le PIB s’élève à 310 milliards de dollars, doit notamment supprimer ses droits de douane sur les produits laitiers européens, le fromage notamment, et les préparations alimentaires, le sucre restant exclu du « deal ». Le pays, présidé depuis mars 2022 par Gabriel Boric, s’est aussi engagé à reconnaître les indications géographiques protégées. A noter toutefois que les organisations agricoles françaises se sont élevées contre le contenu de l’accord-cadre qui ouvre des contingents supplémentaires significatifs aux exportateurs chiliens pour les viandes (volaille, porc, bœuf…) et de nouveaux contingents pour les préparations de fruits, l’huile d’olive ou l’éthanol.
L’accord prévoit une égalité de traitement entre les investisseurs européens et chiliens, un facteur de sécurisation pour l’accès aux nombreux projets de développement au Chili dans le domaine des ressources naturelles et de l’énergie (cuivre, lithium, hydrogène…). En ce sens, l’accès aux marchés publics chiliens sera aussi facilité y compris dans le domaine des concessions, de même que l’accès au marché des services (télécom, transport maritime, services financiers…).
« Des liens économiques plus étroits avec le Chili permettront à l’Union européenne de diversifier et de renforcer sa résilience économique tout en accroissant ses possibilités d’exportations et d’investissements. Un meilleur accès et des investissements durables dans les matières premières critiques telles que le lithium contribueront à faire progresser notre ambition commune de réaliser une transition écologique » estime la Commission européenne.
Ces dispositions ne s’appliquent pas immédiatement toutefois. Le « deal » UE-Chili comporte deux instruments juridiques distincts devant tous deux être ratifiés par les parties : l’accord-cadre avancé et un accord de libre-échange (ALE) intérimaire, moins contraignant en termes de procédure. Ce dernier devrait donc être ratifié dans les mois qui viennent. L’ALE intérimaire expirera quand l’accord-cadre avancé entrera en vigueur.
A noter côté français que les échanges commerciaux avec ce pays se sont élevés, en 2021, à 2,3 milliards d’euros (+35% ) avec un excédent commercial en faveur de la France (129 millions d’euros contre un déficit de 168 millions d’euros en 2020) en raison notamment d’une forte reprise de nos exportations aéronautiques. Les importations françaises sont à 59 % constituées de cuivre, dont le Chili est, de loin, premier producteur mondial.
Il y a environ 280 filiales d’entreprises françaises présentes au Chili (Edf, Engie Sodexo, Total Energies, Séché, Legrand, BNP Paribas, JCDecaux…) et le stock d’investissement français est estimé à près de 2 milliards d’euros, par Bercy. De même source, Invest Chile recense 21 projets d’origine française en 2021 (564 millions d’euros) surtout dans les infrastructures et les renouvelables.
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