Après un repli cette année, le cumul des importations des 27 devrait progresser de 2,4% l’an prochain avec des pics en Slovaquie ou en Bulgarie. Mais la demande extérieure de l’Allemagne reste à la traîne, tout comme celle de nos partenaires britanniques et américains.
La demande adressée par les pays de l’Union européenne aux importateurs devrait revenir en territoire positif l’an prochain. C’est l’un des indicateurs qui ressort des traditionnelles prévisions d’automne publiées le 15 novembre dernier et présentées ce même jour à Bruxelles par Paolo Gentiloni, Commissaire aux affaires économiques et monétaires.
Sur fond de perspectives économiques morose en Europe, les services de la Commission prévoient que les importations en volume de biens et services au sein des 27 progresseront de 2,3% en 2024.
Cette demande à l’importation a joué au yoyo ces dernières années. Sur la période 2015-2019, elle progressait de 5,3% par an en moyenne, avant de plonger lors de la crise Covid. En 2020, les importations des 27 ont ainsi chuté de 7,9% (jusqu’à -15% en Espagne) avant de repartir fortement les deux années suivantes (+9.6% en 2021, puis +8% en 2021).
Cette reprise s’est stoppée net cette année sous l’effet des crises internationales (guerre en Ukraine, tensions commerciales Etats-Unis – Chine…) ou encore de la flambée mondiale de l’inflation et des taux d’intérêt. Pour l’année en cours, la Commission estime que les importations des 27 reculeront de 0,6% avant de repartir à +2,3% en 2024, puis +3,2% en 2025. A noter que cet indicateur pour 2023 a été fortement révisé à la baisse, puisqu’au printemps, la Commission prévoyait encore une progression des importations européennes de 2,3%.
En termes de pays, l’an prochain, le tiercé gagnant de la reprise en Europe est constitué de la Slovaquie, de la Bulgarie et de la Lituanie (importations en hausse respectivement de 6,3%, 5,2% et 3,9%). Mais ces chiffres succèdent, dans ces trois pays, à une contraction des importations du même ordre de grandeur en 2023, et donc d’un classique effet de rattrapage.
Du côté de grands partenaires commerciaux de la France au sein de l’Union, en 2024, les importations totales de l’Espagne devraient s’inscrire en hausse de 3,5%. La progression de la demande extérieure restera faible en Allemagne (+1,7% seulement) et modérée en Italie (+2,1%). Il n’y a pas mieux à attendre des économies de nos partenaires anglo-saxons. Les importations américaines augmenteront de seulement 1,1% l’an prochain (-2,1% cette année) et celle du Royaume-Uni d’un point seulement (-1,5% cette année), selon la Commission. Concernant la Chine, Bruxelles estime que ses importations totales ont stagné cette année (-0.1%) et devraient rebondir de 4,9% l’an prochain.
Toutes ces estimations s’inscrivent dans le cadre d’une revue de conjoncture assez grise. Le 15 novembre, la Commission européenne a, en effet, révisé à la baisse sa prévision de croissance économique pour les 27. Celle-ci s’établit à 0,6% sur 2023 (contre 1% attendu au printemps).
Selon Paolo Gentiloni, « nous approchons de la fin d’une année difficile pour l’économie de l’Union européenne, au cours de laquelle la croissance a ralenti plus que prévu. En ce qui concerne 2024, nous prévoyons un léger rebond à mesure que l’inflation s’atténue encore et que le marché du travail reste résilient ».
De fait, l’année prochaine, la reprise restera faible avec 1,3% de croissance attendue sur l’ensemble de l’Union européenne. Une des seules vraies bonnes nouvelles de ces prévisions d’automne est le net reflux attendu de l’inflation qui devrait passer en moyenne de 6,5% cette année à 3,5% en 2024.