Le rapport annuel 2021 des coopérations monétaires Afrique-France analyse les dernières évolutions des situations économique et financière, en Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et en Union des Comores. En effet, la France est liée par des accords de coopération monétaire avec ces trois zones monétaires africaines (quinze pays africains) disposant chacune d’une banque centrale* et d’une monnaie propre composant un mécanisme de solidarité unique au monde.
Ce rapport confirme que, comme la plupart des pays d’ASS (l’Afrique subsaharienne), les pays de ces trois zones ont vu leur croissance économique rebondir en 2021, après le fort ralentissement économique de l’année précédente. Cependant la reprise économique observée en Afrique a été globalement moindre que dans le reste du monde, faisant peser un risque de divergence durable.
À l’échelle des coopérations monétaires Afrique-France (CMAF), la croissance du PIB réel a remonté en 2021, à 4,4%, après 0,5% en 2020. Toutefois, cette reprise
n’est pas homogène (6,1% en UEMOA, contre 1,5% en CEMAC). Dans l’ensemble, les pays pétroliers ont moins bénéficié de cette reprise, en lien avec un recul de la production, qui s’explique par des champs pétroliers vieillissants.
Dans l’UEMOA, le déficit de la balance courante s’est de nouveau dégradé, pour atteindre 5,8% du PIB en 2021.
Cette dégradation s’explique principalement par celle de la balance des biens. En effet, la remontée des cours du pétrole en 2021 a fortement alourdi la facture énergétique, en hausse de 26,7% en valeur sur l’année. En CEMAC, le déficit courant, même s’il augmente, demeure plus limité et atteint 1,4% du PIB en 2021, contre 0,6% en 2020. La hausse des prix de l’énergie a en effet cette fois profité aux pays de la CEMAC, qui sont tous, à l’exception de la Centrafrique, exportateurs nets de pétrole ou de gaz. Cette amélioration des termes de l’échange a permis d’accroître légèrement le solde positif de la balance des biens et services, mais n’a pu compenser la forte hausse du déficit des revenus, notamment à cause du rebond des versements aux compagnies pétrolières et minières.
A contrario, le solde de la balance courante de l’Union des Comores est redevenu positif, à 0,4% du PIB en 2021, contre – 1,8% en 2020, notamment grâce aux
importants transferts de la diaspora.
Les cours des principales matières premières échangées en UEMOA et en CEMAC ont fortement augmenté en 2021, à l’exception du riz.
Selon cette étude les perspectives économiques pour 2022 demeurent positives. La tendance générale devrait être à la poursuite de la reprise, contrairement à de nombreuses économies avancées. Plus précisément, l’UEMOA devrait avoir une croissance de 5,9% en 2022 et la CEMAC de 3,5%, contre 3,6% pour l’ASS et 3,2% pour le monde (d’après le FMI, octobre 2022 pour ces deux dernières données).
La croissance serait notamment soutenue par des prix de matières premières toujours élevés, qui favorisent de nouvelles découvertes de champs pétrolifères (Côte d’Ivoire, Sénégal et Niger), et donc de nouveaux projets d’investissement, ou des relances de production (Gabon, Guinée équatoriale). En revanche, l’inflation resterait à niveau élevé en 2022, malgré les resserrements monétaires en cours, avec 6,2% en moyenne annuelle pour l’UEMOA et 3,8% pour la CEMAC.
Enfin, outre le défi de l’inflation, les pays des CMAF devront faire face à celui de l’endettement, alors que les conditions financières se tendent dans tous les pays du monde et que le FMI ne devrait pas recourir aussi massivement qu’en 2020 à des aides d’urgence contrairement à de nombreux autres pays, les économies les plus fragiles, telles que certaines des CMAF, peinent toujours à retrouver leur niveau de PIB par habitant d’avant la crise Covid.
Sur l’ensemble du continent, en dépit de la hausse globale des IDE, le volume des nouveaux projets « greenfield » annoncés n’a que faiblement progressé, de 32 milliards en 2020 à 39 milliards de dollars en 2021, mais reste à un niveau très inférieur à celui d’avant-crise (77 milliards). Les annonces (non encore réalisées) de financements de projets (project finance) ont pour leur part fortement augmenté, avec notamment une hausse de 39% de la valeur des projets de financement d’énergies renouvelables (29 milliards de dollars). Parmi les projets porteurs, l’accélérateur de la Grande muraille verte (GMV) pour le Sahara et le Sahel, structure initiée lors du One Planet Summit de Paris en janvier 2021, pourrait donner un nouvel élan à l’initiative sur l’environnement et la gestion des terres portée par l’Union africaine.
*La souveraineté monétaire et les décisions sont entre les mains des trois banques centrales
- la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) au Sénégal ;
- la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) au Cameroun ;
- la Banque Centrale des Comores (BCC).