L’industrie automobile française est un secteur majeur de l’économie de notre pays. Certes, il connait depuis les années 2000 un ralentissement illustré par des pertes d’emplois et une baisse de la production, mais il représente 16% des revenus du secteur industriel et permet toujours près de 2,2 millions d’emplois directs et indirects soit 8% de la population active. Avec une hausse de 10,7% des immatriculations de véhicules particuliers neufs le mois dernier par rapport à septembre 2022, le marché automobile français semble progresser. Côté constructeurs, en août, Volkswagen restait leader du marché, avec 27 % des ventes devant le groupe Stellantis (17 %). Renault arrivant troisième, avec 9,5 %. Poursuivant sa progression sur le marché français, Tesla y a écoulé 5 557 voitures le mois dernier, enregistrant ainsi un bond de 60,5% de ses ventes par rapport à septembre 2022.
Si les ventes de voitures semblent augmenter, d’après les données des douanes françaises, le déficit de la balance commerciale automobile française augmente à grande vitesse. A mesure que les constructeurs français ont délocalisé leur production à l’étranger cette balance commerciale n’a cessé de se dégrader. Les courbes entre exportations et importations de véhicules se sont croisées pour la première fois en 2007, pour ne plus jamais se recroiser ensuite. L’année dernière, les importations de voitures représentaient ainsi 68,2 milliards d’euros en données brutes, contre 48,3 milliards d’euros pour les exportations. Seul point de satisfaction, les exportations sont en hausse depuis 2020. Ce déficit s’explique non seulement par la délocalisation de la production française mais aussi la transition vers l’électrique, qui se constate bien dans les chiffres de ventes, mais pas encore dans ceux de la production et des exportations.
Justement, deux évènements ne sont pas passés inaperçus dernièrement : En août dernier, la part de marché des voitures électriques a atteint les 21% en Europe, selon l’association des constructeurs (ACEA). Une première, alors qu’elle s’établissait à 11,6 % en août 2022. Sur un an, les ventes de voitures électriques ont augmenté de 118,1 % et ont dépassé cet été les immatriculations de voitures au diesel. Le second évènement est l’ouverture il y a quelques jours par la Commission européenne d’une enquête sur les subventions chinoises aux voitures électriques. Bruxelles assure ainsi avoir réuni de nombreux indices qui montrent que l’Etat chinois octroie via ses banques publiques des crédits à des taux préférentiels à ses constructeurs, mais aussi des avantages fiscaux avec des exonérations partielles ou totales d’impôts, des remises de taxes à l’exportation et des abattements sur la TVA, mais leur fournirait aussi des matières premières et des composants bon marché pour diminuer leurs coûts de production. L’enquête devrait durer treize mois au total, mais Thierry Breton, le Commissaire européen chargé du marché intérieur, a déjà annoncé que si le danger était rapidement jugé réel pour l’économie européenne, il pourrait demander l’augmentation des droits de douane aujourd’hui fixés à 10%, qui pourraient ainsi grimper jusqu’à 20 ou 30%.
Pour ne pas perdre du terrain les entreprises françaises doivent non seulement faire attention à la concurrence déloyale, mais aussi sans cesse innover. Toutes marques confondues, 100 milliards de dollars ont été investis dans le monde l’année dernière pour se moderniser. Ce chiffre devrait atteindre 238 milliards de dollars par an d’ici la fin de la décennie afin que les véhicules deviennent plus connectés et plus autonomes. L’industrie automobile traverse par ailleurs une période de mutations. Les coûts d’un véhicule, mais aussi le souci de l’environnement, poussent les nouveaux conducteurs à privilégier le partage de véhicules, le covoiturage ou les transports publics. Ici aussi les constructeurs français devront innover en mettant en place de nouveaux modèles de revenus basés sur l’abonnement ou la mise en place de fonctions personnalisées à bord