Lutte contre le gaspillage, préservation des ressources naturelles, entretien et renouvellement des réseaux… l’eau revient brutalement aujourd’hui sur le devant de la scène. Le changement climatique, l’urbanisation, mais aussi l’émergence d’une réglementation plus contraignante en matière de lutte contre les inondations et des eaux de ruissellement ont apporté depuis quelques années la mise en place de solutions de rétention, de stockage et de régulation des eaux de pluie.
Le marché de la récupération des eaux de pluie sur les petits volumes a longtemps fait figure d’eldorado mais n’a pas tenu ses promesses faute d’être porteur d’un réel avantage économique et de nécessiter un investissement de départ important. Il est en train de redémarrer sous l’effet de multiples facteurs (obligations réglementaires, création de solutions complètes et diversifiées permettant notamment valorisation et un volume de régulation, etc…). Le dispositif de récupération et de valorisation d’eau de pluie est maintenant perçu comme une solution technique au même titre que le solaire et l’éolien, qui permet d’économiser l’eau potable pour des usages variés .
Le principe de fonctionnement de ces dispositifs de rétention/stockage est simple : lors d’épisodes pluvieux importants, la cuve se remplit jusqu’à son volume maximum. L’eau s’écoule ensuite par le biais d’un débit contrôlé à hauteur du volume utile choisi. Le solde reste disponible pour d’autres usages. Ces solutions, un temps dopées par l’arrivée de la taxe sur les eaux pluviales, présentent un triple bénéfice : le respect de la réglementation, le “plus” apporté aux utilisateurs en termes d’usages, et un bénéfice économique modeste, mais réel sur le long terme.
La Société industrielle de moulages plastiques Simop, entreprise spécialisée dans la gestion des eaux usées et pluviales, basée à Sainte-Mère-Eglise (Manche), fabrique notamment depuis 1975 des fosses toutes eaux et des microstations mais surtout innove sans cesse.
Il y a sept ans, l’entreprise a mis au point un filtre compact permettant d’assainir les eaux usées de manière totalement écologique (sans électricité et produits chimiques), puisque conçu à partir de coquilles de noisettes. « La genèse, c’est que nous voulions trouver une solution favorisant l’économie circulaire. Or, là, nous récupérons un déchet issu de l’agroalimentaire. Nous avons travaillé en collaboration avec une école d’ingénieurs du Gard. Un brevet a été déposé, et Bionut®, c’est son nom, est devenu notre produit phare. Nous l’avons lancé en 2015, et nous avons vu nos ventes monter jusqu’à aujourd’hui. » raconte le directeur général de Simop, Guillaume Ferey. L’installation, placée sous le jardin, ne requiert que 12 m² de place. C’est dix fois moins qu’une fosse septique classique. Le système a été breveté et agréé par le ministère de l’Ecologie. Il coûte entre 6.000 et 8.000 euros.
Simop, qui depuis plusieurs années met un coup de collier sur l’innovation et le recyclage, a voulu aller encore plus loin :
« Les filtres compacts, au bout de 15, 20 ans maximum, nécessitent le changement du média filtrant (coquilles de noisettes dans le cadre du Bionut). Dans les pratiques actuelles, les médias souillés sont considérés comme des déchets inertes. Alors, avec des partenaires, nous avons engagé une étude qui a abouti récemment à la mise au point de recettes de compost permettant de valoriser ces coquilles en fin de vie. »
Implantée en Espagne, aux Caraïbes, en Slovaquie, forte de 200 collaborateurs et d’un CA de 30 millions, la société normande a aussi obtenu cette année 2022 la certification européenne pour sa solution hydrodynamique de traitement des eaux de ruissellement baptisée « Trithon ».
« Nos clients, c’est le négoce professionnel et les entreprises de BTP et de terrassement. La France est notre premier marché, mais nous faisons également des ventes à l’export, au Bénin par exemple. »