Depuis le premier semestre 2022 la France a perdu sa place de premier exportateur net d’électricité en Europe. Désormais notre pays importe plus qu’il n’exporte. Selon un rapport du cabinet d’analyses de données énergétiques EnAppSys publié dernièrement, la Suède occupe la première place des pays européens qui exportent de l’électricité plus qu’ils n’en importent, suivie de l’Allemagne, puis, bien plus loin, par la Bulgarie.
Cela n’a pas toujours été le cas. En 2020 la France était le premier pays exportateur d’Europe, et en 2019 le premier pays exportateur au monde, réalisant 17,3 % des exportations mondiales.
D’exportateur, la France est donc devenue un importateur d’électricité, résume le rapport, et si les exportations françaises d’électricité s’effondrent la raison est principalement a chercher du coté du secteur nucléaire. En août dernier, selon EDF, vingt-six réacteurs sur les cinquante-six que compte le parc français ( parc le plus important du monde compte tenu de la population) étaient à l’arrêt. Cette indisponibilité est d’abord due aux visites décennales programmées sur certains réacteurs, et aux confinements liés à la pandémie, qui ont décalé ces maintenances. Douze réacteurs étaient par ailleurs aussi en arrêt à cause de problèmes de corrosion.
La France est le deuxième producteur mondial d’énergie nucléaire, devant la Russie et derrière les Etats-Unis. En Europe, notre pays est le plus grand producteur ( 48 % du total européen ). Selon RTE, la part du nucléaire a atteint un pic en 2005, à 78,3 % mais les perspectives pour terminer 2022 sont sombres. Après plusieurs révisions à la baisse, à la mi-2022, les estimations d’EDF de la production annuelle se situaient entre 280 et 300 TWh, un chiffre qui n’a pas été atteint depuis 1990.
« Les problèmes structurels avec son parc nucléaire l’ont obligée à s’approvisionner en quantités importantes d’électricité auprès d’autres pays au premier semestre 2022, les exportations de la France diminuant donc de moitié par rapport à celles du semestre précédent », détaille le rapport.
Alors que des risques de courtes coupures d’électricité existent pour le mois de janvier 2023, la France ne produisant que 80% de l’électricité qu’elle consomme chaque jour, notre pays continue de développer des projets d’interconnexion électrique avec ses voisins. Le réseau de transport d’électricité français est aujourd’hui relié à ceux de six autres pays européens (Royaume-Uni, Belgique, Allemagne, Italie, Espagne et Suisse) ce qui lui permet de pouvoir importer en cas de besoin. L’Espagne à titre d’exemple a déjà fourni 4,5 % de l’électricité française en août, selon le ministère de l’énergie espagnol. Lors des très grands froids fin janvier 2019, les imports d’électricité produite dans les pays voisins ont permis de couvrir le pic de consommation en France à 19h. D’autres accords, avec l’Irlande notamment sont déjà conclus ( la liaison sous-marine qui reliera l’Irlande à la France « permettra d’importer et d’exporter suffisamment d’électricité pour alimenter 450.000 foyers », selon le ministère de la Transition énergétique) ou en cours de construction.