Il y a quelques jours, l’agence française de développement (AFD) à sorti son rapport annuel « L’économie africaine en 2023 » dans lequel sont abordées les conséquences de la guerre en Ukraine, du Covid-19, mais aussi du climat et de la santé. En 2022, des tendances ressortent : l’Afrique connaît un retour à la croissance, mais aussi une augmentation des fragilités structurelles de ses économies.
Depuis quelques années, l’économie africaine est en croissance, mais reste confrontée à des défis importants tels que la pauvreté, le chômage, l’insuffisance d’infrastructures et de financement, ainsi que les inégalités économiques et sociales. L’économie africaine est très diverse et les tendances et les performances économiques varient considérablement d’un pays à l’autre. Le Sénégal, le Niger, le Rwanda, la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Togo comptent parmi les économies les plus diversifiées du continent et représentent six des dix économies africaines les plus dynamiques. L’Afrique de l’Est et le grand Sahel sont les régions qui enregistrent le dynamisme économique le plus important.
La reprise économique est bien engagée en Afrique, ce qui atténue chaque jour l’impact de la pandémie. En 2021, le PIB du continent a dépassé son rythme d’avant crise avec un taux qui s’élevait à 4,7 %. En 2022, ce taux est estimé à 3,6 % et devrait remonter légèrement en 2023, selon les perspectives du FMI.
L’invasion de l’Ukraine a permis la remontée des cours des matières premières, ce qui a été favorable aux économies extractives africaines. En effet, le continent a connu une hausse de la demande énergétique, en particulier depuis la Chine. Les cours du pétrole et les prix des métaux avaient déjà connu une progression en 2021, qui s’est amplifiée en 2022. Grâce à cette hausse des matières premières, la croissance moyenne pour les pays pétroliers africains s’est établie à + 3,1 % en 2021, et accélère légèrement en 2022.
Néanmoins, les fragilités structurelles affectent profondément le continent. Avec l’important dynamisme démographique que connaît l’Afrique, le rythme de croissance se montre insuffisant pour permettre d’améliorer l’accès aux denrées alimentaires et aux services de base. En 2021, le FMI chiffrait les besoins de financement du continent africain à plus de 400 milliards de dollars pour la période 2021-2025, un chiffre qui a augmenté avec l’inflation qui se poursuit, mais aussi avec les coûts du changement climatique (jusqu’à 50 milliards de dollars par an).
Pour lutter contre l’insécurité alimentaire, l’ONU propose son programme alimentaire mondial. L’organisation a annoncé que sur les 45 pays nécessitant cette aide, 33 d’entre eux sont africains. Si la situation alimentaire est inquiétante, la dépendance alimentaire du continent est finalement moins alarmante que prévu. Selon le rapport de l’AFD, la part de l’approvisionnement alimentaire national issu des importations serait de 16 % en moyenne sur le continent africain, contre 13 % au niveau mondial.
Pour trouver des solutions aux problèmes que rencontre l’Afrique, notamment pour augmenter la mobilisation des recettes fiscales, l’AFD préconise un renforcement des contributions de sécurité sociales, des taxes foncières et des impôts locaux, mais aussi décentralisation et renforcement de la coopération internationale.
L’AFD opte également pour un déploiement accéléré du numérique. À ce jour, 33 % des Africains sont connectés à Internet. C’est un réel facteur d’inclusion financière, les technologies et les services mobiles pesaient près 8 % du PIB en Afrique et généraient quelque 300 000 emplois en 2020.
Face à ces enjeux, la capacité des gouvernements à agir est désormais compromise par un endettement et des conditions financières fortement resserrées pour les pays qui ont accès aux financements externes. Plus aucun des 36 pays africains couverts par une analyse de viabilité de la dette n’est dorénavant classé en risque faible de surendettement.