Il faudra être particulièrement agile en 2024 pour naviguer dans un contexte international très instable, en diversifiant ses risques et en étant très attentif et réactif aux signaux faibles et aux tendances.
Les conflits s’installent dans la durée et les risques d’embrasement existent
Le conflit ukrainien s’installe dans la durée et rebat profondément les cartes en installant une nouvelle géopolitique ou la Russie et la Chine jouent un rôle central. Les sanctions contre la Russie ne l’ont pas affaiblie et Poutine repousse toujours plus loin la provocation.
Le conflit Israélo-palestinien va passer dans une 2ème phase, annonce Israël. En relâchant la pression sur la Palestine, Israël répond à une demande de son partenaire américain, inquiet du risque d’embrasement dans une zone très instable. Le conflit larvé au Yémen, qui ne préoccupait pas les Occidentaux jusqu’à maintenant, en est la preuve. En cas de montée en puissance, le contournement du canal de Suez pourrait avoir des conséquences lourdes sur la croissance mondiale et sur l’augmentation des prix de l’énergie. On surveillera activement la situation au Liban, en Egypte, au Yémen
La croissance en France et en Europe sera faible, voire inexistante en 2024
L’ensemble des experts sont convergents sur une croissance en France entre 0,5 et 0,9% en 2024, loin des hypothèses de travail du gouvernement. On peut même assister à une réduction de notre PIB si la récession allemande se confirme.
Pour l’OCDE nous rentrons durablement dans un Momentum de croissance faible au niveau planétaire. Les prévisions de l’OCDE tablent sur 2,7% de croissance mondiale en 2024 en baisse par rapport à 2023 et de 1,4% pour les pays de l’OCDE.
Ceux qui vont tirer la croissance en 2024 seront pour beaucoup asiatiques : Inde, Indonésie, Chine, la Turquie, mais aussi avec de moindres conséquences des pays africains comme le Sénégal, la RDC, la Côte d’Ivoire qui devraient dépasser les 5% de croissance cette année.
La Chine qui inquiète certains économistes est venue en force rassurer au forum de Davos. Elle a bien senti la tendance mondiale au repli sur soi et à la souveraineté industrielle, mais sa puissance est aujourd’hui plus technologique que manufacturière, ce qui lui permet d’augmenter son assise sur la zone. Toutefois, sa mutation doit s’accélérer, car la population chinoise se rétracte et elle devrait maigrir de plus de 100 millions d’individus dans les cinq ans qui viennent, conséquence d’une baisse durable et irréversible de la natalité.
Une année d’élections sur la planète
Si le scrutin russe ne fait pas de doute, les élections américaines vont enflammer les débats autant qu’elles vont ralentir leur économie. Le scrutin peut avoir des conséquences très lourdes sur les équilibres mondiaux, on suivra donc avec attention les primaires aux USA.
La montée en puissance du nationalisme européen, dans la perspective d’un scrutin européen au mois de juin prochain peut également influer sur certaines politiques étrangères et choix économiques qui pourraient affaiblir une Union Européenne qui a souvent du mal à parler d’une seule voix.
On compte, au moins, une trentaine de scrutins importants en 2024 qui tous vont influer sur l’économie dans leur pays ou dans le monde.
Economie de marché vs réchauffement climatique
Le basculement de l’économie de marché vers une économie plus vertueuse orientée vers la diminution du réchauffement climatique est indéniable. Les effets du réchauffement de la planète sont aujourd’hui visibles dans tous les pays et ses conséquences mieux perçues par les populations. Comment faire rimer croissance et décarbonation, c’est un enjeu majeur qui peut se transformer en opportunité pour nos entreprises françaises, très technologiques, et où la culture de l’innovation est une force immense. Les accords de Paris portent bien leur nom, nous pouvons prendre un leadership dans des technologies de décarbonation et cette innovation collective peut devenir un atout majeur d’une nouvelle industrie.
La tentation du protectionnisme accroit les difficultés pour travailler à l’international
On assiste depuis plusieurs années à une montée en puissance des réglementations contraignantes partout dans le monde alors que les droits de douane ont plutôt une tendance à baisser. Le commerce international devient, plus que jamais, un métier qui demande une veille et une adaptation. La bonne nouvelle c’est que la plupart de nos entreprises ont la capacité à s’adapter à ses enjeux et à faire évoluer, leurs produits, leur sourcing ou leur stratégie à l’international, mais dans tous les cas la maîtrise de la réglementation est devenue un outil de compétitivité sur des marchés même très proches.
2024 sera donc placée sous le signe de l’adaptabilité et de la réactivité. On entre dans l’année du dragon selon le calendrier chinois, signe de puissance mais aussi de dynamisme, et nos choix dans cette année de changement vont impacter durablement nos positions sur les marchés internationaux et nos stratégies. Une année qui va être passionnante : risque = opportunité…
Bonne année 2024!