Derrière la légère amélioration du solde commercial en 2023, le total du commerce extérieur britannique se contracte depuis 2018. Dans ce contexte, la France vient de regagner des parts de marché outre-Manche.
« Rule Britannia, rule the waves… », cette vieille chanson patriotique est fameuse pour célébrer l’attrait du Royaume-Uni pour le « grand large » et le commerce… Las…, le pays de Charles III a perdu de sa superbe sur le front des échanges commerciaux, selon les dernières données statistiques.
Le Brexit n’y aura rien changé, au contraire. C’est ce que pointe l’Office for National Statistics (ONS) qui vient de publier les résultats du commerce extérieur pour l’an dernier et qui s’est aussi intéressé aux évolutions tendancielles depuis cinq ans.
Concernant la seule année 2023, les exportations se sont élevées à 376 milliards de livres (-4,4%) et les importations à 581,3 milliards de livres (-8,2%), générant un lourd déficit de 205,3 milliards de livres qui s’est réduit de 34,8 milliards de livres. Toutefois, ajusté de la variation des prix (très forte dans le secteur énergétique) ce déficit commercial ne se sera amélioré que de 22,6 milliards de livres, l’an dernier, selon l’ONS.
L’institut statistique s’est également intéressé à l’évolution des échanges depuis 2018, considérée comme la dernière année « stable » de référence en matière de commerce. Entre 2018 et 2023, les exportations de biens, ajustées de l’inflation, ont reculé au total de 12,4% et les importations de 3,8%. De ceci résulte une contraction globale de 7,4% des échanges extérieurs britanniques de biens depuis cinq ans. En clair, le pays est moins ouvert au monde. Cette contraction est même la plus importante enregistrée depuis 1997, selon des données compilées par le Financial Times.
Cette tendance était déjà mise en lumière par les travaux de l’institut public d’études économiques OBR (Office for Budget Responsibility) voilà deux ans. L’OBR indiquait en effet en mars 2022 : « le Royaume-Uni semble donc être devenu une économie moins intensive en échanges commerciaux, la part des échanges commerciaux dans le PIB ayant chuté de 12% depuis 2019, soit deux fois et demie plus que dans tout autre pays du G7« .
La sortie de l’Union européenne devait permettre, selon les promesses des « Brexiters », de libérer le pays de ses entraves et de booster ses échanges avec les pays tiers, ceux du Commonwealth en tête. Cela ne s’est pas produit. Passées les perturbations de la Covid et les années de transition du Brexit, la part des échanges totaux réalisés avec l’Union européenne est revenue en 2023, presque exactement, à son niveau de 2018, à savoir 52 %. De plus, l’Union européenne pesait l’an dernier 65,5% du déficit commercial britannique, un niveau très proche de celui de 2018 (67%).
Ces évolutions font les affaires de la France. Alors que notre pays vient d’enregistrer une nouvelle fois un lourd déficit commercial (99,6 milliards d’euros après le triste record de 163,6 milliards d’euros en 2022), le Royaume-Uni demeure l’un des rares partenaires commerciaux avec lequel l’Hexagone est excédentaire.
Selon les douanes françaises, nos exportations vers le Royaume-Uni, dominées par l’aéronautique, ont progressé de 7,4% en 2023 à 36,8 milliards d’euros et nos importations chuté de 9,7%, à 26 milliards d’euros. Après un recul marqué en 2021 et 2022, le solde commercial positif de la France vis-à-vis du Royaume-Uni a donc quasiment doublé l’an dernier pour s’établir 10,8 milliards d’euros. Il redevient le premier excédent bilatéral de la France (c’était Singapour en 2022). Cet excédent se rapproche même de ses niveaux record de 2018 et 2019, alors plus de 12 milliards d’euros. Encore un effort…